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Rubrique Reportage

Location chez l’habitant à Jijel Quand le «Semsar» du coin dicte sa loi

Après une crise sanitaire qui a porté un sérieux coup à l’activité touristique durant deux ans, ce secteur reprend de plus belle cette année avec son lot de pratiques clandestines dont la location chez l’habitant qui prend de plus en plus d’ampleur face à la passivité de certains services de l’État dont l’intervention est une urgence pour remettre de l’ordre dans cette filière qui est en vogue à Jijel.
Le commerce de location chez l'habitant est une pratique type de cette tendance et qui connaît un grand engouement de la part des estivants, même dans les coins relativement reculés. Une simple virée dans les communes et localités côtières nous renseigne sur la propagation de cette pratique commerciale qui échappe totalement aux services de contrôle de l’État et qui constitue, pour de nombreuses familles et une chaîne de « courtiers », une opportunité pour imposer leur diktat face au déficit dont souffre la wilaya en structures d'accueil.
Une nuée de courtiers de tous bords dans ce créneau juteux s’est constituée illégalement, imposant leur diktat à des centaines de milliers d’estivants venus des différentes régions du pays à la recherche d’une maison, et souvent d’une planque, pour fuir la chaleur suffocante qui sévit dans de nombreuses wilayas des Hauts-Plateaux, et du sud du pays durant ce mois d’août pour passer des moments de détente au bord des splendides plages de la côte jijelienne et ses sites paradisiaques.
À cet effet, le visiteur de la wilaya de Jijel, en cette période de grand rush aoûtien, sera frappé par le nombre impressionnant des annonces placardées n’importe où et n’importe comment, même sur les troncs d’arbre et des lampadaires, et des plaques de signalisation, de passerelles, les murs de mosquées, cafés et commerces de service, gares routières sur lesquels on peut lire «loue des maisons pour l’été. Téléphone… contactez». Un désordre visuel qui s’ajoute aux autres insuffisances dont souffre la wilaya de Jijel qui a déjà reçu pas moins de plus de 10 millions d’estivants sur l’ensemble des 35 plages autorisées à la baignade jusqu’au 7 août en cours, selon les services de la Protection civile. Interrogé par nos soins, Omar, qui a l’habitude de louer son appartement à Mezghiten, nous a confié que le prix cette année varie entre 4 500 et 6 000 dinars la nuit dans cette cité et ce, en fonction des commodités et des meubles. « Un F3 bien meublé avec un climatiseur vue sur mer et durant la première quinzaine d’août peut atteindre 7 000 DA. Il y a une forte tension cette saison », a-t-il révélé.
Un avis partagé par Mourad, cadre à la retraite, habitant la localité de Bordj Blida, ex-ferme d’Andrew, relevant de la commune d’El Aouana qui profite de l’été pour passer un mois chez ses parents à Alger pour se faire un peu d’argent en louant son F3. « Il y a une forte tension sur la location chez l’habitant cette année », a-t-il souligné. Et d’enchaîner : « Sur les 10 appartements que compte son immeuble, il y en a 8 qui sont déjà loués presque tout au long de l’été. »
Selon lui, « cette forte demande s’explique par le coin et la proximité du parc animalier qui attire des milliers de visiteurs quotidiennement ». Notre interlocuteur nous a confié, par ailleurs, que le prix oscille entre 5 000 et 6 000 dinars la nuitée.
Il y a lieu de souligner que le prix de location d’une nuitée dans un étage d’une habitation individuelle pompeusement dite villa à Ouled Bounar, le quartier de Casino, Timizer, Beau-Marché peut atteindre les
15 000 dinars. Moins exigeant, Mouloud, fonctionnaire dans une administration publique et habitué des locations, a ajouté que le prix de la nuitée dans un F2 bien meublé, sans climatiseur dans le quartier de Benaachour essentiellement composé des constructions individuelles illicites varie entre 4 000 et 4 500 DA.
Un habitant de l’ex-Casino nous a affirmé qu’un F3 sommairement meublé a été loué 10 000 DA la nuitée. «Mekenche el keroua», une manière pour lui de justifier cette folie des prix.
Du côté des agences immobilières dont un grand nombre ont mis la clé sous le paillasson faute de rentabilité et la nuée de courtiers qui ont tué le créneau de location, on affiche une certaine modération dans les prix de location. À ce sujet, un gérant d’une agence immobilière, connue sur la place locale, nous a affirmé qu’il propose des locations dont les prix oscillent entre 4 000 et 5 000 DA la nuitée en fonction de certains critères, entre autres, l’endroit, la consistance des meubles et leur qualité, la nature du «produit» proposé, appartement ou villa, la période, par exemple la première quinzaine d’août, les prix enregistrent une hausse vertigineuse.
Interrogé par nos soins sur la flambée des prix de location, notre interlocuteur l’attribue à la prolifération d’une nuée d’intermédiaires face à la démission des services de l’État, le grand flux d’estivant après une crise sanitaire de deux ans, un grand nombre d’estivants qui, d’habitude, optent pour la Tunisie pour passer leurs vacances, se sont rabattus sur la destination de Jijel à cause de la hausse des prix des prestations hôtelières et l’imposition des tests PCR pour chaque personne à l’entrée et à la sortie de la Tunisie et dont le prix est de 170 dinars tunisiens, soit 12 000 dinars.
Pour une famille de cinq personnes, c’est 120 000 dinars en aller-retour juste pour les PCR, sans compter les frais de séjour. Un avis partagé par Saïd Mameri, gérant de l’agence Kawkeb Voyage qui organise des voyages à destination de la Tunisie. « Avant la crise sanitaire, le prix d’un séjour de 7 nuitées et 8 jours à Sousse oscillait entre 37 000 et 42 000 dinars par personne alors qu’actuellement, il varie entre 45 000 et 50 000 dinars, sans compter les deux tests PCR à raison de 170 dinars tunisiens, soit 12 000 DA chacun », a-t-il détaillé.
S’agissant de la flambée des prix de location chez l’habitant qui ont enregistré ces derniers jours une hausse vertigineuse, notre interlocuteur l’attribue à la prolifération des intermédiaires et des courtiers. La nuitée dans un F2 modestement meublé qui était à 4 500 dinars à la fin du mois de juillet atteint ces jours-ci 6 500 dinars.
Il y a lieu de souligner que cette flambée des prix a contraint de nombreux estivants à se rabattre sur les régions de l’intérieur de la wilaya et parfois même des localités montagneuses, situées à une trentaine de km de la côte. On loue à Djimla, Texenna, Chekfa, Sbet, Chahna, Bordj Thar.
Mustapha, habitant de Texenna, nous a confié que le prix de location d’une nuitée dans une vieille maison avec une toiture en tuile dans une localité éloignée du chef-lieu de la commune à Texenna a frôlé les 4 000 dinars. Un courtier à Chekfa nous a confirmé qu’un F3 a été loué à 3 000 DA la nuitée à une famille de la wilaya de Ouargla.
Cette nouvelle tendance à louer loin de la côte s’explique également par la démocratisation de la voiture qui a rendu le déplacement des familles de plus en plus facile. Un autre fait intrigant : on loue même les logements de fonction situés au niveau de certains établissements étatiques dans certaines régions côtières.
Dans la commune côtière de Sidi Abdelaziz, située à une vingtaine de km à l’est de la wilaya, fortement fréquentée par les gens du sud du pays, le prix de location d’une nuitée dans un F2, qui ne dépassait pas avant le Covid-19 les 4 000 dinars, atteint cette année 7 000 dinars, nous a confié Larbi.
Face à cette anarchie organisée, qui n’obéit à aucune logique économique ou autre, un gérant d’une agence immobilière lance un cri de détresse aux services concernés pour réglementer cette profession afin de mettre un terme au «Semsar» du coin, qui, un portable à la main… à chaque coin de rue et une misérable plaque accrochée sur n’importe quoi, régit ce marché qui brasse des milliards de centimes dans les circuits informels.
Du côté de la Direction du tourisme et de l’artisanat, le directeur Zoubir Bouikaabache nous a affirmé qu’il y a un projet de loi en cours de promulgation au niveau de la chefferie du gouvernement pour réglementer la location chez l’habitant.
En attendant cette promulgation, le Semsar du coin impose « sa loi ».
Bouhali Mohammed Cherif
 

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