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Rubrique Reportage

16e édition de la grande randonnée au lac Agoulmim La montagne toujours plus belle, toujours ensorceleuse

Reportage réalisé par Yazid Yahiaoui
Encore une fois, le Centre national des sports et loisirs de Tikjda ou CNSLT, situé à 30 kilomètres à l’est de Bouira, en plein Djurdjura, aura marqué les esprits en organisant à l’occasion de la 16e année de sa réouverture en 2006, l’édition annuelle de la grande randonnée vers le lac Agoulmim, le lac le plus haut d’Afrique qui culmine à quelque 1 770 mètres d’altitude.

Il était une fois, le lac Agoulmim
Ce vendredi 13 mai 2022, ils étaient comme à l’accoutumée, des dizaines de familles, hommes, femmes et enfants, ayant pour la plupart passé la nuit au niveau des trois sites d’hébergement du centre, le CNSLT, l’hôtel Djurdjura et l’auberge, à se rassembler vers 8h, pour le grand départ. Parmi tout ce beau monde, certains sont des habitués des lieux, ayant à leur actif, non seulement le circuit qui mène depuis le centre vers le lac Agoulmim mais bien d’autres. À l’instar du village abandonné, appelé communément «Tala Yetchan Tislilth» ou (La source qui tua la mariée) ; la source gazeuse, le chapeau de gendarme, «Aqerrou n Tmedwine» ou (La crête de Timedwine), Tigounatine et leur cédraie millénaire, la piste de ski de l’Akouker, les balcons naturels ou les belvédères qui offrent une vue saisissante sur une multitude de villages de Kabylie, pour la plupart perchés sur des collines ou au pied de montagnes, etc. Tous ces lieux, à l’instar du CNSLT, sont situés à l’intérieur du parc national du Djurdjura, ou le PND, classé réserve de biosphère mondiale depuis 1997.
Pour ce vendredi et comme chaque année, le CNSLT a organisé la grande randonnée vers le lac Agoulmim. Le circuit est de plus de 12 kilomètres pour le seul aller et autant pour le retour. Pour y arriver, les randonneurs doivent s’armer de beaucoup de volonté et de courage. Et il leur en faudrait bien. Car, à chaque fois, les randonneurs expriment pratiquement tous les mêmes sentiments : beaucoup de fatigue qui frôle la souffrance mais beaucoup de satisfaction d’avoir franchi cet écueil, d’avoir vaincu ces falaises, ces pentes abruptes et ces crêtes, et toutes ces difficultés que l’on rencontre au fur et à mesure que l’on avance sur ces sentiers rocailleux, parfois aux paysages lunaires, comme c’était le cas ce vendredi avec une montagne dénudée, où pas une trace de neige n’était visible. C’est que les changements climatiques sont passés par là ; à l’instar de toutes les régions du monde. Car, on s’en souvient, en 2015, la randonnée annuelle eut lieu le 1er juin et les lieux étaient très enneigés. C’est dire…
Cela étant, pour revenir à la randonnée, les familles étaient là : des vieux et des vieilles qui avançaient clopin-clopant sous le regard expert et bienveillant des guides du centre qui savent toujours lancer des mots d’encouragement à ces personnes qui sont pour leur première expérience ; des enfants qui pleurnichent mais qui sont souvent encouragés par leurs parents et autres présents ; mais aussi, des jeunes, filles et garçons, qui, santé éclatante oblige, sautillent presque en optant souvent pour des raccourcis très dangereux, alors que leurs parents suivent les sentiers battus et moins pénibles.
Cela étant, outre ces randonneurs du CNSLT, d’autres groupes qui viennent librement se croisent sur le chemin ; certains venant en solo comme c’est le cas de Saïd, jeune camionneur, âgé de 35 ans, qui nous affirme être là pour la première fois. Le travail en tant que routier ne lui laissant presque plus de répit. D’autres viennent en excursion comme ces collégiens de Chorfa, de la wilaya de Bouira, que nous avons croisés ce vendredi. D’autres encore, des groupes en famille, venus d’Alger, carrément pour bivouaquer près du lac Agoulmim en apportant avec eux des provisions suffisantes pour plusieurs jours. D’ailleurs sur le chemin, certains jeunes de ce groupe ramassent les branches mortes et les prennent avec eux sur plusieurs kilomètres, pour en faire du feu de bois sur place.
Outre ces centaines de personnes qui vont et viennent le long de ce sentier qui mène vers le lac et qui regorge de curiosités, avec des vues imprenables sur des villages de la Kabylie, sous un ciel bleu des plus envoûtants, en ces lieux où règne un silence religieux qui n’est entrecoupé par que par le chant des oiseaux, et autres ruissellements des eaux depuis les hautes cimes, il y a également des dizaines de bovins que l’on rencontre le long des sentiers et dans les alentours. Certains en train de paître, d’autres à l’ombre d’un rocher en train de se reposer ou de ruminer. Des dizaines de troupeaux laissés en pâturage libre ; un mode de pâturage existant depuis des millénaires dans ces lieux de la Kabylie et perpétués jusqu’à nos jours. Et ce qui est frappant cette année, c’est l’abondance de l’herbe après les pluies bénies des mois de mars et avril ; des pluies qui ont permis à la végétation de bien pousser et aux paysans qui sont d’habitude réticents quant à ce pâturage libre, de laisser leurs troupeaux dans la nature sachant que celle-ci est très généreuse cette année.
Au fur et à mesure qu’on avance sur ces chemins escarpés, outre ces animaux qui offrent une très bonne compagnie pour les lieux, les sources sont abondantes, au grand bonheur des randonneurs qui s’en donnent à cœur joie qui, pour se rafraîchir le visage, qui pour prendre quelques gorgées dans les paumes des mains, durant cette journée caniculaire qui a piégé plus d’un, dont votre serviteur, et qui se sont retrouvés à la fin de la journée, totalement bronzés.

Quand des troupeaux de bovins passent des heures à l’intérieur du lac

Enfin, après plus de trois heures de marche et d’halètement, de souffrance, parfois de pleurs surtout les enfants et les femmes, à cause du mal ressenti surtout aux mollets et aux pieds, le lac Agoulmim apparaît au loin dans une sorte de cuvette naturelle, dans un tableau naturel sublime. Avec dès l’abord, une image marquante ; celle des troupeaux de bovins qui sont à l’intérieur pendant des heures et sans bouger. Une image à laquelle nous ne tarderons pas à avoir l’explication en nous rapprochant une fois sur les lieux, près d’un berger qui est là à surveiller tout le troupeau des villageois. À notre question sur ce phénomène, notre interlocuteur qui semble habitué à cette question nous dira que dans les lieux et à pareille saison, il y a «le Tikouk», une sorte de mouche appelée le taon, pique et suce le sang du bœuf et lui fait mal au point de l’affoler et le pousser à une fuite éperdue. Aussi, pour se prémunir contre ces insectes qui se cachent dans les herbes une fois rassasiés, contre ces mouches qui ne supportent apparemment pas les dards du soleil, les troupeaux de bovins, bœufs, vaches et veaux passent la majeure partie de la journée au lac. Pendant des heures, avec de temps en temps leurs longues queues avec lesquelles ils rafraîchissent leurs corps, mais loin des taons qui ne se hasardent pas dans le lac car ils ne supportent pas longtemps le soleil. Selon notre interlocuteur, les troupeaux de bovins ne paissent que tard dans la soirée et même pendant la nuit ou l’aube…
Sur place, nos randonneurs ont droit à un repos mérité. Dans ces lieux paradisiaques, chaque famille ou groupes de familles ou d’amis choisit une place toute faite d’un tapis vert naturel. Les dards du soleil en ces hauts lieux sont très puissants, mais la petite brise fraîche, faite d’un air pur et réparateur, est là pour vous faire oublier pour un moment les méfaits de cette canicule. Chaque groupe prend son repas que le centre a préparé pour chaque randonneur. Pendant ce temps, les enfants enchantés par les lieux gambadent comme les petits veaux qui courent sur les rivages du lac en poussant par moments leur beuglement à la recherche de leurs mères...
Plus tard, après plus de deux heures de repos, les guides du centre improvisent un jeu. Cette fois-ci, il s’agit du tir à l’arc auquel presque tous les randonneurs, enfants, jeunes et vieux, hommes et femmes, participent en essayant d’atteindre le cœur de la cible située à quelque 6 mètres. Le tout dans une joie totale et une ambiance conviviale que l’on a presque oubliée dans la vie citadine qui nous a presque englouti avec ses aléas et ses soucis à n’en pas finir. Là, dans ces lieux, tout le monde est gai ; tout le monde semble profiter du moment ; un moment de solitude, d’évasion et d’isolement. Car, les lieux sont vraiment coupés du monde, aucun téléphone, aucun réseau ne fonctionne…
Moments inoubliables assurément ! Expérience à partager vraiment !
Y. Y.

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