Y’a Bon Banania, nennek !

Le gars, il appelle à « chasser le pouvoir colonial d’Alger ».
Et il le lance d’où son appel ? D’un pays qui compte à son
tableau de chasse colonial des « trophées » comme la
Nouvelle-Calédonie, la Réunion, La Polynésie, Mayotte,
la Guadeloupe, La Guyane…

J’continue ou ça suffit ?

Il y a des jours comme ça, où tu regrettes d’ouvrir les yeux. Lorsque je les ouvre, le matin, mon premier réflexe, c’est de consulter les journaux, d’ici et d’ailleurs, et de regarder les infos à la télé. Et ce matin, ce que j’ai lu, entendu et vu m’a glacé le sang. Témoignages de deux rescapés du drame dans la Manche. Je rappelle d’abord les faits. Naufrage d’une embarcation et mort de 27 de ses occupants. Que disent les deux survivants ? Les deux « miraculés » ? Au moment précis où leur esquif commence à se dégonfler et prendre l’eau dangereusement, ils appellent les gardes-côtes britanniques. Réponse de ces agents de l’ordre marin : «Vous êtes hors de nos eaux territoriales.» Début de panique chez les migrants. Mais ils ne désespèrent pas. Ils appellent les gardes-côtes français. Et devinez la réponse ? « Vous êtes hors des eaux territoriales françaises » ! Une enquête est, paraît-il, en cours. Je ne suis pas juge encore moins procureur. Mais je note et aligne les faits. Des migrants, donc des êtres humains ballottés par les flots en furie et transis par le froid et l’effroi de voir leur zodiac couler, appellent au secours. Et quelle réponse ils obtiennent de deux nations civilisées, démocratiques et ostentatoirement humanistes ? Une réponse administrative ! Une réponse bureaucratique. Une réponse dont le cynisme ferait pâlir de jalousie les « Ronds de Cuir » de Céline ! Puisqu’une enquête est ouverte, et jusqu’à preuve que ces deux survivants aient menti, ou aient vraiment appelé les gardes-côtes anglais et français mais que les réponses de ces deux organismes de surveillance et de… secours aient été autres que celles décrites, je dénie formellement et avec toute ma maigre énergie humaine le droit à quiconque de ces sociétés « civilisées», des lumières et des droits humains de venir me donner des leçons sur la toxicité du pouvoir militaro-civil en Dézédie, sur les rentes mémorielles et autres fadaises «Y’a Bon Banania» ! J’ajoute juste ceci, pour que chacun «tienne son 7e» : la semaine écoulée, des villages d’Algérie ont été coupés du monde plus de 24 heures, isolés et bloqués d’accès au minimum vital par des chutes de neige importantes. Ce sont des chasse-neiges des communes, de la Protection civile et de l’ANP, institutions de ce «régime militaro-civil oppresseur», qui les ont dégagés et fait revenir à la vie normale. Alors de grâce, que chacun reste éveillé à son cauchemar qui continue.
H. L.