Placeholder

Rubrique Pousse avec eux

J’ai rêvé !

France. Après l’énorme succès de son ouvrage Le suicide
français, Éric Zemmour sur le point de boucler une suite
à cet essai. Elle s’intitulera…


… « Mon suicide ! »

Une nuit à faire d’étranges rêves. Une nuit entière à rêver de l’école. Fallait que je partage avec vous ce matin, pour désengorger un peu ma mémoire somatique. J’ai rêvé d’une école où les élèves auraient ce droit citoyen de dire aux profs habillés d’un kamis pailleté, cintré à la taille, serré aux hanches et aux fesses et dont les yeux seraient soulignés au khôl : «Bon, maintenant, Usted, vas te rhabiller de manière décente.» J’ai rêvé d’une école d’où seraient bannis les « cours » de toilette du mort et de préparation des macchabées pour le dernier voyage. J’ai rêvé d’une école où l’on ne demanderait pas à nos enfants, en travaux pratiques, de confectionner en carton-pâte une Kaaba géante, qui serait ensuite plantée dans la cour et autour de laquelle on exigerait d’eux qu’ils tournent jusqu’au vertige, jusqu’au malaise, jusqu’à l’état cataleptique, comme des derviches tourneurs et tournant de l’œil. J’ai rêvé d’une école où la mixité ne moisirait pas dans les règlements intérieurs d’un établissement, eux-mêmes rangés dans un tiroir dont on aurait perdu les clés depuis Lacheraf. J’ai rêvé de tables d’école sans apartheid, les garçons d’un côté, les filles de l’autre, avec le secret espoir, chez les gardiens du temple sacré, les gardes-chiourmes de la morale islamique, les cerbères de la pensée, que les filles renoncent enfin et qu’elles restent à la maison. J’ai rêvé d’une école dans laquelle nos filles n’auraient pas honte de libérer leurs cheveux des carcans en tissu et de laisser filer leur sourire au-delà des frontières barbelées, hérissées par les barbes de leurs enseignants. Et parce qu’aussi mon fils en a souffert, j’ai rêvé d’une école où les enfants gauchers ne recevraient pas la «falaka» le supplice des coups de bâton sur les bouts de leurs doigts d’enfants pour se forcer à écrire avec la main droite. J’ai rêvé d’une école où la «horma», la décence ne se mesurerait pas à la longueur de la traîne du hidjab imposé aux filles, ou des robes qu’elles auraient l’inconscient courage de porter. J’ai rêvé de tout cela dans ma nuit longue. Dans ma longue nuit. Et ce matin, je n’ai qu’une envie. Une envie furieuse. Celle de fumer du thé pour rester éveillé à mon cauchemar qui continue.
H. L.

Placeholder

Multimédia

Plus

Placeholder