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Rubrique Livre

Les bonnes feuilles de Histoire secrète de la chute de Bouteflika

Prévue pour le 16 mars dernier, la parution du livre Histoire secrète de la chute de Bouteflika est reportée après le confinement qui touche presque tous les pays de la planète. Dans cet ouvrage, l'auteur, Naoufel Brahimi El Mili, questionne la spontanéité du soulèvement du 22 février 2019. Des indices éclairent la subversion et quelques manipulations commencées bien avant cette date. Rachid Nekkaz, agitateur professionnel qui voulait déjà perturber la présidentielle de 2014, est un exemple parmi d'autres. Aussi, ce livre révèle le secret de la relation fusionnelle qui lie Abdelaziz à Saïd Bouteflika. Le Soir d'Algérie publie les meilleures feuilles de ce livre attendu courant mai.

Présent sur le scène politique par intermittences qui lui autorisent de rares moments de lucidité, Abdelaziz Bouteflika est curieusement très absent lors de sa cinquième et problématique candidature. Une campagne électorale perturbée par un peuple en révolte mais aussi chahutée par des professionnels de la subversion. L’un des instruments de cette déstabilisation n’est autre que Rachid Nekkaz.  

La face cachée de Rachid Nekkaz
Son nom est souvent accolé aux adjectifs les plus contradictoires. Homme adulé parfois, jugé sulfureux, souvent. Difficile de cerner les mille facettes du visage de Rachid Nekkaz. Cependant, une constante demeure immuable : son ego nourri par des coups d’éclat. Il a le buzzdans le sang comme d’autres ont de l’alcool. Après avoir connu, depuis de longues années, tous les recoins de l’Algérie (dans quel but ?), l’ex-Franco-Algérien croupit en prison depuis quelques mois. Des voix  ici et là s’élèvent pour demander sa libération. Elles sont sincères peut-être mais très peu au fait de la réalité de la subversion pour le compte d’autrui. Nekkaz masque sa mission réelle par un militantisme qui se veut désintéressé. Il aime l’Algérie, selon des déclamations filmées sur Youtube.
Le Soir d’Algérie publie les meilleures feuilles du dernier livre de Naoufel Brahimi El Mili, Histoire secrète de la chute de Bouteflika (éditions Archipel, Paris, 2020, 298 pages). Les précautions prises par les services de sécurité pour son arrestation dénotent sa dangerosité. Dès les premières pages, le ton est donné :
«Le vol Barcelone-Alger est court, certains des passagers n’ont pas eu le temps de prendre un second café. L’avion vient juste de s’arrimer à la passerelle du nouvel aéroport. Les ceintures détachées, les passagers se dirigent à l’avant de l’appareil. Parmi eux, un homme s’emploie à se connecter sur internet avec son téléphone portable, son instrument de propagande et de subversion. Il veut informer ses centaines de milliers de «followers» de son arrivée à Alger, une semaine avant la date du premier tour de la présidentielle.
Plusieurs secondes passent sans que Rachid Nekkaz arrive à activer sa page Facebook. Il se dirige vers la passerelle, les yeux rivés sur son smartphone, en attente de réseau pour diffuser son premier live d’Alger, depuis de nombreux mois. A l’entrée du vaste terminal, un discret dispositif des services secrets algériens est déjà en place, dès sept heures du matin.  Le réseau wifi de l’aérogare est coupé et un brouilleur neutralise toutes les communications et la 3G. Quelques mètres plus loin, l’ancien candidat à la Présidence algérienne est interpellé par des militaires, très vite mis au secret, loin des regards de tout éventuel témoin. Ce jeudi 5 décembre, les autorités algériennes se devaient de mettre à l’ombre un agitateur trop connu auprès de nombreux services de renseignement. L’historique du trublion Rachid Nekkaz est chargé de provocations et de manipulations souvent pour compte d’autrui. N’avait-il pas posté une vidéo enregistrée à Barcelone pour appeler au meurtre de députés algériens au début de l’automne dernier ? La présidentielle du 12 décembre 2019 est déjà assez houleuse pour laisser un perturbateur professionnel vaquer à son activité préférée, ses agitations coïncident avec chaque présidentielle. Sa tentative d’interférer dans la politique algérienne est de trop et sera la dernière  Nekkaz échoue en prison, il attend son procès.»
Quelques chapitres plus tard, son portrait est esquissé. Au préalable, un rappel sur son rôle lors de la campagne présidentielle s’impose : «Cette campagne (2014) aurait été trop ennuyeuse, n’était la candidature surprise de Rachid Nekkaz qui sillonne le pays. Il s’adresse aux jeunes dans un arabe approximatif aux intonations parisiennes, voire banlieusardes. Il va, clame-t-il, à la collecte de signatures et parrainages. Le code électoral algérien oblige chaque candidat à avoir plus de 60 000 signatures issues de 25 wilayas, avec 1 500 parrainages par wilaya.
La procédure est lourde. Tout parrain doit se rendre dans sa mairie avec sa carte d’électeur à jour, muni d’une pièce d’identité ainsi que d'un récent justificatif de domicile afin de pouvoir retirer le formulaire, le remplir, le signer et le remettre à un agent de l’état civil. Juste avant la remise des candidatures au Conseil constitutionnel, Rachid Nekkaz déclare que la camionnette qui transporte les 60 000 (voire plus) formulaires dûment signés a été volée. Un gag ? Sans doute, car l'homme n'en est pas à sa première bouffonnerie. Mais la seule question qui importe est de savoir pour qui roule Rachid Nekkaz, qui prétend financer sa campagne tout seul. La réponse apparaîtra cinq ans plus tard, lors de l’élection présidentielle de 2019.»

«Rachid Nekkaz, de la France au bled»
Pour l’ex-DRS en chef (Toufik), ce tumulte autour du mandat de trop est une opportunité pour renouer avec son activité préférée : faiseur de rois. L’autre option conservée dans sa manche est de se rendre incontournable auprès de ses anciens amis qui l’ont pourtant délaissé. Après tout, pourquoi exclure de se porter à la rescousse du clan Bouteflika ? 
L’ex-généralissime des services secrets a, certes, plus d'un tour dans son sac. Depuis quatre longues années, il s'active toujours dans l’ombre, son royaume, pour se retrouver de nouveau au centre de l’échiquier politique algérien. Dans son jeu de cartes complexe, il semble disposer d’un atout : un «valet de cour» suffisamment serviable et mégalomane pour faire l’affaire et qui, de surcroît, connaît aussi bien la France que l’Algérie.
C'est ainsi qu'un profil prometteur et connu des services apparaît avec fracas sur la scène algérienne, tant sur les réseaux sociaux qu’auprès des jeunes des petites villes et villages éloignés. C’est une figure qui jouit des caractéristiques qu’affectionnent les professionnels de la manipulation : mieux qu’une couverture, il a un récit devenu une grande légende : cet homme a dit non à la France pour vivre dans son pays d’origine. Avec tambour et trompette, Rachid Nekkaz fait savoir qu’il a renoncé à sa nationalité française pour être candidat à la présidentielle algérienne de 2014. 
Il dépose sa demande de perte de la nationalité française le 14 juillet 2013. Tout un symbole ! La procédure administrative n’est pas simple et n'aboutit qu'au mois d’octobre suivant. Mais dans un pays où des centaines de milliers de jeunes rêvent d’un simple visa français pour aller coûte que coûte en Europe, ou tentent de traverser la mer au péril de leurs vies faute du précieux sésame «Schengen», ce que fait «Si Rachid» est admirable : il traverse la mer en sens inverse pour vivre avec et comme les siens. Un «harrag» à l’envers qui laisse tomber la France, alors que l’Hexagone est perçu par les authentiques  harragas  et d’autres désœuvrés comme le pays où coulent le lait et le miel, c'est une espèce inconnue en Algérie ! L'ovni Rachid Nekkaz débarque sur la scène politique de son pays d’origine grâce à un storytelling anti-français forcément porteur, et devient l’idole des jeunes Algériens et des réseaux sociaux.
En France aussi, ses coups d'éclat sont très médiatisés, et pour cause : à ses débuts, Rachid Nekkaz est «une belle histoire française», celle d'une France plurielle réconciliée avec sa lourde mémoire post-coloniale. Né le 9 janvier 1972, fils d'immigrés algériens, neuvième d'une famille de dix enfants qui réussit ses études et devient millionnaire, il a largement de quoi faire rêver tant de «beurs» qui hantent les halls venteux des HLM de banlieue.
Ses opérations ubuesques menées dans l’Hexagone méritent à elles seules tout un livre, dont voici le «best of» : France 3 lui offre sa première véritable apparition télévisée le 8 avril 2002, dans un documentaire où il se présente comme membre du  «Forum citoyen et cultures musulmanes» pour dénoncer la récupération du vote musulman par les grands partis français. Il veut déjà préempter l’islam, un sujet porteur pour un fan de la provocation. Les caméras se braquent de nouveau sur lui en novembre 2005, en plein cœur des émeutes urbaines, lorsqu'il est reçu à Matignon par Dominique de Villepin en tant que membre des associations composant le collectif «Banlieues Respect». Nekkaz s’implante encore un peu plus dans le paysage médiatique français en annonçant en mars 2006 sa candidature à la présidentielle de 2007 alors qu'il n’a que 34 ans. 
Une première dans l’histoire de la Ve République : un Franco-Algérien tente d’entrer par la grande porte à l’Élysée ! Un an après, il jette l’éponge et annonce finalement qu'il n'a pas obtenu les 500 parrainages nécessaires.
C'est également le début des histoires fantasques qui deviennent sa marque de fabrique en politique. Nekkaz prétend qu'au cours du cambriolage de son siège de campagne, seul l'ordinateur comportant les coordonnées des parrains aurait disparu… Il obtient finalement treize parrainages, envoyés directement au Conseil constitutionnel. Très vite, il repart en campagne. Candidat dans la septième circonscription de Seine-Saint-Denis aux élections législatives de la même année, il n'obtient que 156 voix (0,56% des votes exprimés). Il fait de nouveau parler de lui lorsque Brice Hortefeux, alors ministre de l’Intérieur, décrète l’expulsion des Roms durant l’été 2010.
Rachid Nekkaz achète un terrain de seize hectares avec forêt, étang et nénuphars, sur le fief de Brice Hortefeux en Auvergne, pour l’offrir aux Roms contre la modique somme d’un euro par an.

Projet irréalisable, mais qui le place sous les feux des projecteurs, et c’est tout ce qui compte pour lui. Les socialistes, dont il se réclame pourtant, ne sont pas épargnés non plus. Le 13 juillet 2011, Nekkaz jette 10 000 pièces d’un euro devant le siège du PS, rue de Solferino, à Paris, pour protester contre la cotisation d’un euro exigée des votants aux primaires socialistes.
Nekkaz ne s'arrête pas là. Il envahit de nouveau les écrans des chaînes d’information continue à l’occasion de l’interdiction du port du voile intégral dans les espaces publics. Deux semaines après l’adoption de cette loi par l’Assemblée nationale, l'homme d'affaires prétend avoir déjà épargné 200 000 euros et reçu plus de 42 000 euros de dons de particuliers du monde entier. On suspecte même de richissimes Qataris de contribuer à cette cagnotte destinée à payer les procès-verbaux des hors-la-loi qui cachent leur visage en pleine rue. Cheveux au vent et tout sourire, il se fait souvent photographier aux côtés d’une femme voilée devant le Trésor public dont il vient de payer la contravention. 
La cagnotte est bien garnie, les Frères musulmans y veillent. L’opération est répétée plusieurs centaines de fois. En dix ans, il assure avoir déboursé 315 000 euros dans 1 552 dossiers en France et en Belgique. Au nom des banlieues et de la liberté totale de l’islam, Rachid Nekkaz tente de peser — si ce n’est perturber — sur toutes les élections organisées en France. Il a de l’argent et il est considéré comme un bon client par les médias. Guidé par son seul credo, l'islam, ses coups de communications ne sont pas réservés uniquement à la France. 
Il part en Chine pour rendre visite à des prisonniers politiques ouïghours, cette minorité musulmane persécutée par le PCC. Le 20 avril 2013, Rachid Nekkaz affirme avoir fait un don de 500 000 dollars américains pour les écoles de l’État de Borno (Nigeria), fief du groupe islamiste armé Boko Haram, et pour la libération d’une famille prise en otage.  De toute évidence, il ne peut se désintéresser de l’Algérie. Après une première candidature à la présidentielle de 2014, voilà qu’il récidive en 2019 avec une meilleure connaissance du pays et une plus grande maîtrise des techniques de communication.
Un candidat avec un tel profil, et dans un contexte aussi sensible, ne peut qu'être en relation avec les services secrets des deux pays. Reste à savoir si c’est à son insu ou avec son consentement. D’ailleurs, dès le 6 octobre 2016, sur le site Algérie Focus, Amar Saâdani ne disait pas autre chose : «Le général Toufik poussait Rachid Nekkaz à se présenter à l’élection présidentielle pour chahuter la candidature du président Bouteflika (celle de 2014).»
À croire l’ancien patron du FLN, c’est donc bien le DRS qui était déjà derrière la candidature de l’homme d’affaires franco-algérien. Si tel est le cas, rééditer la manœuvre en 2019 coule de source, de surcroît avec un agitateur plus expérimenté, plus au fait des réalités du bled, avec encore plus de jeunes qui le suivent. Sans qu'il soit nécessairement au courant, un provocateur devenu professionnel est un bon instrument entre les mains des maîtres de la manipulation et de la subversion. Il serait aussi curieux que la DGSE ne tente pas de profiter d’un tel élément qui sillonne l’Algérie depuis cinq ans et bénéficie d’une grande sympathie de la part des islamistes de tous bords, sans que cela coûte un centime au Trésor public français. «MICE» (Money, Ideology, Compromission and Ego) est l’acronyme anglais des ingrédients de base dans le recrutement d'un agent par les services secrets. Rachid Nekkaz remplit au moins trois de ces quatre conditions élémentaires, si on considère l’islam politique comme une idéologie. Il est donc forcément manipulé par les services spéciaux des deux pays. Le sait-il ? Question finalement peu pertinente… seul le résultat compte, et en l'occurrence, Nekkaz fait le job avec efficacité. Photogénique, cheveux grisonnants et impeccablement coiffés, smartphone à la main, sans doute des billets de banque plein les poches, dinars et euros confondus, il s’engage pour succéder à Abdelaziz Bouteflika.
Rien que ça ! Il remplace les débats d’idées par des selfies postés sans discontinuer à destination de son million et demi de «followers». La campagne est engagée pour la collecte des 60 000 signatures, qui n’est pas une mince affaire. Nekkaz sait très bien qu’au regard de la Constitution algérienne, il ne peut être éligible : la loi exige dix années de résidence continue sur le territoire national pour pouvoir être candidat. 
Or, de toute évidence, Nekkaz ne remplit pas cette condition. Alors pourquoi se donner tout ce mal et dépenser autant d’argent ? Est-il en mission comme en 2014, pour reprendre les accusations de Saâdani ? Avec un large drapeau algérien noué autour du cou, Nekkaz prend de nouveau son bâton de pèlerin, et surtout son smartphone. Il affirme que le président Abdelaziz Bouteflika est mort et a été remplacé par «[un individu portant] un masque 3D».
Avec de tels propos, son entrée en campagne est plus que fracassante, elle met les complotistes de son côté et bien d’autres. Afin de bien construire son récit et surtout de donner à sa mission des airs de vraisemblance, Rachid, idole des jeunes, se lance dans la collecte des parrainages nécessaires à sa candidature. Il sait bien qu'elle est impossible, mais il veut participer à l’organisation du désordre. Dans ce but, il occupe le terrain autant que faire se peut, et multiplie les «happenings». Rachid se sait surveillé, il le dit dans ses posts, ses tweets. 
La posture victimaire est une stratégie en soi. Ce qui compte avant tout, à travers l'agitation, c'est d’exister et cette tourmente convient très bien aux réseaux de Toufik, et sans doute à la DGSE. Un tel postulant qui rassemble des jeunes à travers tout le territoire et qui excite les foules lassées par la hogra («le mépris») d’un pouvoir qui s'enkyste, c’est du pain béni. La hogra est le lot quotidien des Algériens, surtout les jeunes. Certains s'embarquent sur des bateaux de fortune et, quand ils n'y meurent pas, ils se retrouvent en prison. Telle est la loi des accords internationaux... Voilà le terreau sur lequel Nekkaz veut prospérer : les jeunes contestataires désespérés, sans compter tous ceux qui se plaignent des conditions de vie dégradées. Le tout constitue le bilan affligeant d'une dictature qui, après vingt ans de règne, se veut malgré tout présentable.   
Plus loin, l’auteur rappelle comment le roi des gags foireux veut devenir président de la République.

Le vaudeville politique
Au total, dix autres postulants ont déposé leur candidature. Ali Ghediri fait partie du nombre. Rachid Nekkaz, accompagné par un homme inconnu du public, réussit à se frayer un chemin vers le Conseil constitutionnel. 
Il y dépose un dossier de candidature en bonne et due forme. Mais, à la stupeur générale, si le postulant s’appelle bien Rachid Nekkaz, il est le cousin de l’agitateur, défenseur du niqab ! Ce candidat sorti du chapeau est mécanicien, totalement éloigné de la politique, et son chemin n’a jamais croisé celui d’un électeur. Mais le cousin a respecté la loi, il s'est rendu en personne à la haute institution.
Cette vraie-fausse candidature, qui voit une simple homonymie transformée en ambition présidentielle, fait atteindre des sommets à la bouffonnerie dans cette élection déjà bien singulière. Auparavant, sur sa page Facebook, le véritable Nekkaz se disait victime d’un enlèvement pour se présenter à la presse à sa sortie du Conseil constitutionnel comme le directeur de campagne du «cousin Nekkaz». Ce n'était plus une affaire de famille, mais une imposture pure et simple : les Algériens qui croyaient accorder leur parrainage à Nekkaz médiatisé se sont retrouvés caution d’un mécanicien...
La loi est contournée, mais Nekkaz est de nouveau sous les projecteurs même s’il partage la lumière avec son cousin. Il explique que sa candidature est symbolique, au même titre que la candidature de Bouteflika. Il poursuit : «Si le Conseil constitutionnel valide cette candidature le 13 mars, je deviendrai le directeur de campagne. Si mon cousin est élu, on créera immédiatement le poste de vice-président par voix parlementaire, fonction que j’occuperai. Et le président élu (mon cousin) démissionnera aussitôt. Je prendrai alors automatiquement le poste de président.» Devenir chef de l’État par un tour de passe-passe, un vrai sketch ! Du grand Nekkaz dans toute sa splendeur, où les coups de Jarnac, fantasmes et satires politiques s’entremêlent. 
En ajoutant la confusion aux tumultes, il a accompli sa mission, mais au profit de qui ? Pour l’auteur, l’activisme de Saïd Bouteflika pallie l’absence du candidat en titre. Il livre en première au Soir d’Algérie, l’une des révélations peu connues du grand public, et qui éclaire la relation fusionnelle et inédite entre Abdelaziz et son plus jeune frère Saïd. En effet, à la page 177, Naoufel Brahimi El Mili raconte le retour de Genève du président, le 10 mars 2019, à Zéralda où l’attend Saïd :
«Dimanche soir, juste avant 18 heures, un long cortège quitte à toute vitesse l’aéroport militaire de Boufarik, en direction de Zéralda. Le président est assis à l’avant dans une Mercedes spécialement aménagée pour lui qu'il possède en deux exemplaires. Les véhicules ont un châssis particulièrement bas pour pouvoir faire rentrer son fauteuil roulant par l’arrière. L’absence du siège avant permet à Bouteflika d’être aux côtés du conducteur comme un passager bien portant.
 L’illusion d’optique est réussie, et Bouteflika est même pris furtivement en photo. Les routes sont quasiment désertes, ce dimanche est un jour de grève nationale. Arrivé sur place, le Président, encore plus fatigué par le voyage sous haute surveillance médicale, est accueilli par son frère Saïd et sa sœur Zhor. Les retrouvailles sont émouvantes dans ce contexte tumultueux.
La relation entre les deux frères est fusionnelle, et leurs sorts sont plus que jamais liés. Saïd est né en 1958, l’année de la mort de leur père dans des circonstances mystérieuses. Seule la psychanalyse peut expliquer la profondeur de leur lien, sans doute liée à cet événement, peu connu en dehors du cercle familial, qui les a soudés à jamais.
Dans les années 1980, lors de sa traversée du désert, Abdelaziz a connu de sérieux problèmes de santé. Hospitalisé à Genève suite à un rein défectueux, il souffre alors d’une insuffisance rénale en phase terminale. A ce stade, la dialyse est une alternative inefficace, la transplantation rénale est l’unique remède.
Comme tous les patients dans le même cas, Abdelaziz est inscrit sur la liste nationale d’attente de greffe, en fonction de critères qui prennent notamment en compte le groupe sanguin, la compatibilité tissulaire HLA(1) entre le donneur et le receveur, la différence d’âge, les caractéristiques immunologiques du receveur et la durée d’attente par ordre d’inscription sur la liste. Or, la greffe de rein est à opérer en urgence. Il est alors fréquent de faire appel à un membre de la famille comme donneur d’organe. Sans hésiter, Saïd propose le sien.
Il subit à son tour les examens médicaux indiqués par le protocole. Ses résultats sont bons, il peut donc être donneur. Suite à une longue intervention chirurgicale à haut risque, ce rein en commun, s'ajoutant aux liens du sang, scelle une union durable et à toute épreuve.
Dans la fratrie, Saïd est le plus proche du Président. Ce n’est pas maintenant que la situation s’envenime qu’il va laisser tomber Abdelaziz. Et puis, partager un rein peut entraîner, plus tard, le partage du pouvoir.» 

1) Le HLA (pour «Human Leukocyte Antigen») est le groupe de marqueurs génétiques de la compatibilité tissulaire humaine. Ainsi, tout corps étranger ou cellule qui ne présente pas les «bons» codes HLA à sa surface est attaqué par le système immunitaire.

 

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