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Rubrique Lettre de province

FFS : de l’incomparable Aït-Ahmed à la résilience de son parti

Selon ce que vient de rapporter une bonne partie de la presse, il y aurait une atmosphère pesante au sein du FFS où les concertations susciteraient immédiatement des clivages toutes les fois quand les dirigeants s’efforcent d’aborder les questions relatives aux modalités de fonctionnement de leur « impossible » collégialité au sommet du parti. Encore convalescente à la suite du fameux « choc des ego » des précédentes années, la « maison d’Aït-Ahmed » tarde à retrouver la sérénité nécessaire afin que les membres de la direction parviennent à des ententes a minima. Autrement dit, en l’absence de fragiles consensus internes, n’a-t-on pas souhaité différer le congrès ordinaire dont la date avait été fixée pour ce mois de septembre ? Artistiquement, les porte-parole trouvèrent une solution de substitution dans la traditionnelle célébration de l’acte de naissance du parti, celle qui coïncide habituellement avec le 29 septembre.
En se défaussant sur cette célébration entièrement dédiée à Aït-Ahmed, l’on semble vouloir souligner, une énième fois, qu’il n’y aura pas de place à un quelconque « révisionnisme » concernant la ligne politique héritée du défunt leader et que l’orthodoxie du militantisme laissée en legs par son fondateur ne saurait ouvrir la voie à d’autres débats doctrinaux. Or, de quoi est constituée la culture idéologique ayant sous-tendu, durant plus d’un demi-siècle, l’activité politique de cette personnalité d’exception ? Pour répondre aux exigences du présent, il serait peut-être utile de situer d’abord le contexte historique dans lequel la pensée de « Da Ahmed » était arrivée à maturité et sa volonté de traduire ses convictions en « machine politique » sans pareil. C’est que, durant un demi-siècle, il a, à lui seul, incarné la résistance à l’esprit du système. Par son intransigeance, il fut indiscutablement la référence centrale du long et, hélas, inabouti combat pour la démocratie réelle et la promotion des libertés publiques qui se transformèrent, d’ailleurs, en votes d’allégeance.
En se retirant de la vie politique en 2013 et à un âge, certes, très avancé, il avait quand même manqué notamment au FFS mais pas seulement. Car, son autorité morale était intacte et pouvait influer aussi bien contre la démesure des ambitions internes du parti que sur les enjeux nationaux au moment où de graves menaces pesaient sur le pays. Celles, entre autres, lorsque le Président Bouteflika se vit en train de lâcher du lest à la mafia des courtisans et cela à la suite des maladies qui en firent bien plus qu’un impotent tout à fait livré aux manœuvres de ce qu’était son « clan », comme l’affirma d’ailleurs un certain Chakib Khelil lorsqu’il plaida pour la solidarité du palais. Face à tous les odieux scénarios qui s’écrivirent à partir de 2013, Aït-Ahmed n’avait effectivement pas la moindre opportunité pour s’imposer comme un procureur des vertus républicaines. Il était déjà à bout de forces à cause de ses maladies dont l’une d’elles l’emportera en décembre 2015. Cette fin de l’itinéraire d’un fondateur en politique hors normes n’a-t-elle pas été entamée par une résistance éprouvante ? En effet, il y a 58 années, il s’opposa sans hésitation à l’acte de naissance du « Front » d’un parti unique en dénonçant le coup de force constitutionnel de Ben Bella qu’il a accusé d’avoir recouru aux « méthodes coloniales afin de bâillonner puis truquer la volonté populaire ».
À travers ce réquisitoire, il décida alors d’entrer en dissidence dès septembre 1963. Lui, dont le militantisme était incontestable, renouera alors avec l’infamie des procès politiques et leurs injustes peines. Juste après sa libération (mai 1966), il connaîtra l’exil et les propagandes haineuses. Cependant, devenu pionnier de l’opposition, il parvint, à son tour, à faire du sigle partisan un excellent appareil de propagande antisystème, lequel avait souvent mis dans l’embarras le régime d’Alger. C’est à lui, d’ailleurs, qu’a été attribuée la plus vigoureuse des philippiques visant cette constituante du premier âge de l’État laquelle ne servit à rien si ce n’est à la servilité. Parmi les arguments et les sujets concernés, ceux-là firent écrire et dire à Aït-Ahmed ce qui suit : « … Parions sur la démocratie comme valeur et méthode à la fois. Il ne faut pas entendre qu’il s’agit là d’une simple question d’orgueil national ou d’un messianisme d’exhibition. Ce serait plutôt l’option de la raison ».
C’est ainsi qu’en étayant sa critique de l’unanimisme que recherchait « Ben Bella and Co. », il dénoncera le complot visant le Parti communiste pour en faire la première victime de la première République d’Algérie. « Un parti fort, plaida-t-il, qui prétend jouir de la confiance du peuple, a-t-il besoin de dissoudre un autre parti comme le PCA ? » Il ajoutera ensuite qu’ « il me semble, au contraire, qu’il serait bon que ce parti puisse se maintenir car il jouerait le rôle de stimulant ». Et de conclure par cette formule, ce florilège d’un grand débatteur qui « pense enfin que la prééminence du parti FLN n’entraîne pas nécessairement l’unicité ».
58 années plus tard, cet ultime pari ne s’est-il pas mué en prophétie ? C’était de cela qu’il allait s’agir assez tôt lorsqu’on se mit à faire accroire qu’il n’est de stabilité pour la gouvernance, ni de bien-être social au peuple sans la tutelle vigilante du fameux « office de discipline » qu’est, à ce jour, le FLN. Or, celui-ci n’avait surtout prospéré que grâce à son monopolisme et son savoir-faire dans le domaine de la délation visant, entre autres, les couches sociales suffisamment réfractaires pour saluer des pouvoirs qui n’en méritaient pas tant.
Cela étant, pourquoi donc devrait-on hésiter avant d’accorder tous les éloges à l’unique précurseur qui, dès 1963, mit en garde contre le prétendu unanimisme populaire au profit des dirigeants là où il ne s’agissait que de « bluff » alimenté par le populisme.
Aït-Ahmed se révéla dans la posture solitaire du visionnaire sachant mettre en garde une élite autoproclamée contre l’inclination à jouer des décrets pour gouverner sans partage. Il suffit, d’ailleurs, de « revisiter » le florilège de ses anciens réquisitoires pour reconnaître qu’il fut assurément le plus lucide parmi les « justes » de ces historiques qui, pourtant, s’abusèrent de leur omniscience quand lui préféra les déclinaisons de la vertu politique plutôt que de parier sur de sordides calculs.
B. H.

 

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