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Rubrique Lettre de province

Dérives syndicales : grèves à répétition chez les enseignants

Le fait est certainement original mais aussi significatif dès lors que celui-ci concerne le ministère de l’Éducation nationale lequel décida de disqualifier en silence les profs qui siégeaient habituellement à la commission des programmes scolaires.(1) Leur préférant des enseignants exerçant dans les universités, il semble bien qu’il s’en trouve « ailleurs » de meilleurs pédagogues quand ceux « d’ici » sont coupables de recourir cycliquement aux grèves et dont les prétextes sont tout à fait excessifs au point de qualifier les débrayages de dérive syndicale.
Il est, par conséquent, difficile de discerner les tenants et les aboutissants dans ce sujet à commencer d’abord par l’insupportable surenchère pratiquée par des syndicalistes qui additionnent des exigences différentes au point d’être traités de « maîtres-chanteurs ». C’est que le refus qu’ils opposaient aux multiples propositions de la tutelle n’irritaient pas uniquement celle-ci, puisque leurs doléances ont été critiquées par l’opinion dont la composante est essentiellement constituée par les familles.
N'ayant pas su éviter les faux-pas qui débouchent inévitablement sur des impasses, le Cnapeste – pour ne citer que ce syndicat – a souvent ignoré les critiques qui lui furent adressées par les parents des lycéens. Une dénonciation vigoureuse dont ce mouvement fera peu de cas. Or, au bout du compte, « l’épidémie » de la contestation et la multiplicité des grèves avec leurs sigles affectèrent les scolarités dont les conséquences étaient au-delà des mauvais résultats puisque l’on a vu « surgir » des cortèges d’ex-lycéens en rupture avec les études. De saison en saison, la même crise ne fit que s’amplifier en l’absence d’accords volontaires dédiés au dialogue d’abord. À ce sujet, il faudra remonter aux prémices des réformes officiellement engagées sous le premier mandat de Bouteflika. Un moment-clé que les spécialistes décryptèrent avant de se rendre compte qu’il n’y avait guère de cohérence ni d’enchaînement entre les trois paliers, d’où la qualité toute relative des diplômes sanctionnant chaque phase du cursus, et cela jusqu’au palier du supérieur. Avec une scolarité aussi cahoteuse en amont, l’université devint alors le réceptacle des têtes mal dégrossies et néanmoins du premier diplôme universitaire : ce fameux baccalauréat. D’ailleurs, contrairement aux affirmations officielles, le système éducatif s’est toujours porté mal aussi longtemps qu’il a été privé d’une sanctuarisation par la loi. Celle qui aurait dû bannir toutes les formes d’endoctrinement tout en encadrant la liberté syndicale par la censure des pratiques susceptibles de priver les écoliers des cours car ce sont justement les demi-mesures infligées à l’école qui, à ce jour, sont à l’origine de la déscolarisation précoce. Par ailleurs, les louvoiements et les injustifiables concessions dans le domaine du management des ressources humaines demeurent le moteur de la contestation du corps enseignant. À son tour, le laxisme administratif se chargeait de faire le reste en permettant la naissance d’une véritable « armée mexicaine » au sein des établissements, comme l’avait décrit un pédagogue indigné. Or, c’est à partir de l’iceberg scolaire que l’on peut mesurer l’étendue de l’échec.
Incapable de faire la part des nécessités tant l’influence des lobbies est grande au sein du pouvoir politique, le ministère de tutelle est amené souvent à céder dans la gestion des carrières laquelle devint le carburant de ce qui n’était parfois qu’une dérive aux petites conséquences. C’est dire que l’école algérienne est un véritable corps malade qui n’a généré que d’approximatifs impétrants à la formation supérieure. À juste raison, les bons bilans de nos universités se font tristement rares. Car, si cette école s’était véritablement mise à l’heure du changement dès l’an 2001, l’on en aurait perçu les effets positifs à travers la notoriété de nos facultés. Hélas, c’était l’inverse que l’on avait « commis », comme il se dit pénalement du « délit ». Celui des insoutenables replâtrages de tâcherons préoccupés honteusement à la falsification des résultats. L’exemple de ce genre de tripatouillage ne nous avait-il pas été fourni par la risible instauration d’une seconde session à l’examen de passage vers le premier palier du moyen ? À elle seule, cette « opération » est révélatrice des errements d’une institution qui, en son temps, avait hérissé tous les pédagogues sérieux. Même si l’on est dans l’anecdotique avec cette histoire de rattrapage en culotte courte, néanmoins, l’on touche là à l’esprit qui avait présidé à cette fumisterie que fut la réforme en 2003-2012. Car, malgré les diagnostics faits par des spécialistes à partir de la commission Benzaghou en 2001, tous sont demeurés assujettis aux injonctions du politique lequel parvint à instruire statistiquement les taux de réussite pour chaque examen !
Même si nous n’en sommes plus à cette renversante pratique, il est encore difficile de croire que l’école «nouvelle» s’apprête à connaître «d’autres temps et d’autres mœurs ». Évidemment, ceux qui la gouvernent à leur manière ne seraient-ils pas mieux inspirés d’ignorer le réformisme à la petite semaine en allant à l’essentiel ? C’est-à-dire harmoniser transversalement les trois paliers et sanctuariser, sans hésitation, l’école algérienne qui devra rayonner sans menace et à l’abri de toutes les doctrines, même celle qui est naturellement sanctifiée en famille.
B. H.

(1) : Lire l’article intitulé :
« Programmes scolaires : les syndicats exclus », in Le Soir d’Algérie du 14 novembre 2021.

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