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Rubrique Haltes Estivales

Tebboune, septembre 2017...

Cette chronique a été publiée en septembre 2017 après un été politique agité. J'y tente de comprendre comment et pourquoi
M. Tebboune fut évincé de son poste de Premier ministre. Je précise que je n'ai pas l'honneur de connaître personnellement M. Tebboune et que le soutien exprimé dans cet article est la réaction d'un résistant face aux injustices du pouvoir oligarchique. C'était aussi un soutien à un homme seul, descendu par une presse et des télévisions qui ont tourné leurs vestes depuis. Pour tout le mal fait à de nombreux Algériens honnêtes, j'aurais tant voulu voir le labo de la manipulation machiavélique sous le règne de la bande, c'est-à-dire Ennahar TV, disparaître à la place de la pauvre Lina dont on ne sait même pas ce qu'on lui reproche.
Le cas Tebboune, qui a défrayé et continue de défrayer la chronique, est assez troublant. S’inscrivant dans un cycle de décisions et de contre-décisions assez inhabituel, cette affaire pose des questions et interpelle les tenants du pouvoir sur un certain nombre d’irrégularités et non des moindres. D'abord, Tebboune est un responsable qui compte à son actif de nombreuses réalisations qui font la fierté de ce pouvoir, entre autres un ambitieux programme de logements presque entièrement réalisé. Tebboune est non seulement bien vu mais il est le seul ministre de l’équipe précédente à recevoir la médaille du mérite national des mains du président du Conseil de la Nation ! Aussi, quand il est nommé Premier ministre, personne ne trouve à redire. Outre ses qualités reconnues dans une gestion administrative comptabilisant quelques décennies au service de l’Etat, on dit de lui que c’est un meneur d’hommes.
Qu’est-ce qui a fait qu’il soit remercié subitement au bout d’un parcours de moins de trois mois, une autre marque de fabrique de cette longue parenthèse d’hésitations et de flou préparant la succession ? Il y eut des précédents, des bourdes, des nominations hasardeuses annulées au bout de 48 heures, etc. mais là, c’est le sommet de l’indécision et la preuve que les choses se gâtent et que si l’on n’y mette pas un terme rapidement, ça risque de déraper sérieusement ! 
On se disait que le pauvre gars n’a pas fait le poids dans la bataille qu’il a livrée aux forces de l’argent, on convoquait la «lutte des clans», «l’influence de la France» qu’il avait vertement critiquée ; on se perdait en conjectures. En vérité, la majorité d’entre nous s’attendait au pire après le fou rire public d’El Alia (NDLR : hilarité intrigante de Saïd Bouteflika, Ali Haddad, Sidi Saïd qui se tenaient à côté du Premier ministre lors de l'enterrement de Reda Malek), annonciateur de décisions moins marrantes pour l’intéressé ! Certains trouvaient que Tebboune avait confondu vitesse et précipitation et que sa levée de boucliers contre les hommes d’affaires, piliers du pouvoir, et les importateurs était d’une telle violence, avec des décisions sur le terrain d’une efficacité foudroyante, que l’union de tous ses ennemis, trop nombreux, trop puissants, n’allait pas tarder à le casser !...
Quand la décision de le remplacer est prise, sans aucune explication officielle, le bon peuple sent la revanche des puissants et la cote de Tebboune grimpe rapidement. Pour preuves, ces témoignages postés sur les réseaux sociaux qui ne tarissent pas d’éloges sur l’action, pourtant si courte, du Premier ministre évincé. Mais aujourd’hui que des fuites organisées accusent M. Tebboune du pire, l’opinion publique ne sait plus à quel saint se vouer…
Ces divulgations en série posent un premier problème. N’aurait-il pas été plus conforme à la loi et à la transparence de faire parler un procureur de la République chargé de ce dossier ? Si enquête il y a, la pratique voudrait que ses premiers éléments soient communiqués par voie officielle et non à travers la presse qui peut se faire manipuler. Dans un État de droit, il n’est pas interdit aux journalistes bien introduits de sortir des scoops sur les «affaires», mais le parquet ne reste pas silencieux après la parution du premier papier. Il réagit rapidement pour confirmer ou infirmer ces informations. 
En supposant que le journal s’est fait manipuler et que toutes les infos divulguées sont fausses – c’est une probabilité —, a-t-on calculé le mal qui est fait à une personnalité qui a autant de droits que n’importe quel justiciable ? Où sont les avocats de M. Tebboune ? N’ont-ils rien à dire ? Qu’en est-il des autres noms cités ? Comment se fait-il qu’une affaire concernant un obscur trafiquant de drogue fasse l’objet d’un communiqué du MDN alors qu’un haut cadre de l’État, félicité il y a quelques mois, soit malmené sans que l’on nous dise OFFICIELLEMENT ce qu’on lui reproche ?
Ici, au Soir d’Algérie, nous avons toujours veillé à séparer l’information du commentaire et, bien entendu, de la chronique qui est un espace d’expression libre se situant à un étage supérieur au commentaire. Dans cette page 24, nous avons eu souvent des avis différents et parfois opposés sur des événements politiques et autres. Les chroniqueurs s’expriment pour donner leurs avis et c’est un grand privilège dans la presse car la pratique courante veut que l’on donne seulement les avis des acteurs de l’information.
Le Soir a évoqué ces derniers jours une série d'enquêtes policières. Je lis, çà et là, des critiques qui accablent le journaliste auteur de l'article, pour simplement avoir fait son métier. Lui est dans le rôle d’informer. Il n’a pas donné son avis. Il a livré des détails sur une enquête menée par les services de police. Et s’il y a carence, c’est au niveau de la communication étatique ou gouvernementale qu’il faut la situer. Je suis sûr que parmi tous ces journaux qui trouvent à redire sur le papier du Soir, il y en a beaucoup qui auraient sauté sur l’occasion s’ils avaient eu, entre les mains, des éléments qu’ils auraient jugés fiables (...) Finalement, le seul crime de Tebboune est d’avoir rompu le silence. Quelqu’un m’a dit : « Le premier qui attaque est brûlé !» Quoi en penser ? Je le répète, c’est l’absence d’une communication officielle qui laisse ouvertes les portes de la rumeur et de l’infamie…
Il y a quelques semaines, c'est-à-dire avant son éviction du poste de Premier ministre, j’écrivais ici même que M. Tebboune est un cadre honnête et compétent et j’approuvais ses décisions que je jugeais salutaires pour le pays, pour son avenir immédiat. Je crois toujours en ces recettes. Je pense qu’il faut réduire les importations pour sauver ce qui reste dans le fonds de réserve ! Je pense qu’il faut des mesures révolutionnaires pour faire face à la situation et que laisser les ports et les supérettes regorger de biens superflus et invendables pour le seul profit des importateurs est un acte irresponsable. Je pense aussi que ce pouvoir de l’argent est en train de pourrir la vie des Algériens...
M. F.
Chronique (raccourcie) publiée le 14 septembre 2017.

 

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