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Rubrique Haltes Estivales

«À bas l'oligarchie !»

C'était durant l'été 2015... Ma chronique avait pour titre «À bas l'oligarchie !» et elle répondait au «Vive l'oligarchie !» d'Ahmed Ouyahia.
Il y a à peine une semaine, le peuple grec faisait la Une de l'actualité, en se soulevant pacifiquement contre l'ordre des banques et du FMI, ces vampires modernes qui se nourrissent du sang des ouvriers et des classes moyennes, jetant des sociétés entières dans la pauvreté et le dénuement. Personne n'aurait imaginé que l'Europe de l'euro et de l'aisance allait imposer des politiques aussi désastreuses pour les peuples, jusqu'à en arriver à baisser les salaires, réduire drastiquement les retraites et fermer des usines et des administrations. On a d'ailleurs été jusqu'à stopper les émissions de la TV publique grecque et à renvoyer tout son personnel jusqu'à ce que les dernières mesures permettent de relancer l'audiovisuel public - indispensable pour chaque pays. Cette grande misère imposée par le capital a été vécue avec une rare et grande dignité par le peuple grec qui ne s'est jamais découragé et a fait face, avec abnégation, aux puissances de l'argent.

Il est évident que le mouvement Syriza, venu à la politique par défaut, par la faute des autres partis dont l'incurie et le manque de courage ont compliqué la situation économique et sociale de la Grèce, n'est pas un parti de la gauche traditionnelle, avec un ancrage populaire profond chez les classes laborieuses. Il s’insère dans ce que l'on appelle le mouvement des Indignés, lui-même héritier des rassemblements citoyens contre les atteintes à l'environnement, guerres, le G8, le nucléaire, etc. Un large front qui n'est plus déterminé par des intérêts de classe, mais par une prise de conscience sur les effets pervers de la mondialisation. Il manquera à ces mouvements la clarté des objectifs politiques et un engagement ferme et définitif auprès des travailleurs, des agriculteurs, des classes moyennes et des retraités pour les libérer définitivement du poids des restrictions budgétaires et du cycle infernal de l'endettement. Pourtant, les conditions «libératrices» sont claires : retour à la monnaie nationale, à la souveraineté nationale, aux investissements publics, aux nationalisations, au développement, dans une espèce de consensus national émancipateur. Mais Syriza a ses limites. Il ne veut pas rompre avec le système exploiteur et vorace des banques et de leurs tutelles politiques opposées à toute remise en cause des intérêts du capital. 
La crise grecque a mis à nu les retombées catastrophiques de la mondialisation qui a eu le temps de faire des ravages partout. Nous avons glissé peu à peu dans une sorte de dictature planétaire dirigée par les forces de l’argent. Les régimes politiques, qu’ils soient à la tête des grandes nations occidentales ou des petits pays du tiers-monde, ont-ils encore un pouvoir réel, une quelconque décision sur le cours des événements ? Ce qui se passe dans nos pays et à travers le monde nous pousse parfois à penser qu’il est trop tard. Mais, c’est ignorer que l’Histoire ne va pas toujours dans le sens que veulent lui imprimer les forces dominantes et les classes possédantes. Les peuples, qui peuvent sembler parfois résignés et abattus, ont des ressources inimaginables qui leur permettent de rebondir pour corriger ces errements et remettre l’Histoire sur les bons rails.
En France, on a remué terre et ciel pour que Jean-Marie Le Pen ne l'emporte pas face à Chirac ! Ce fut une incroyable manipulation anti-démocratique et personne ne s'en est offusqué. Et le prochain, qui sera-t-il ? En dehors de Sarkozy, Hollande, Valls, Fillon, etc. : les mêmes politiques, les mêmes options à tel point que l'on ne sait plus si le Parti socialiste est encore de gauche... Ni Mélenchon, ni Besancenot, ni Marie Le Pen n'ont la moindre chance de gagner des élections dont le résultat est connu d'avance : le nom du futur président sera tiré parmi les ténors du PS ou des Républicains. Tiens, pour ne pas trop s'éloigner du modèle américain bâti sur deux partis nourris aux mêmes valeurs capitalistes, M. Sarkozy propose implicitement aux socialistes d'appeler leur mouvement : les Démocrates... Du copier-coller !
Et en Algérie ? Pour changer et entretenir l'illusion, on nous a offert une multitude de partis, avec un FLN toujours omniprésent, encore que le premier avait le statut officiel de parti unique, avec des orientations révolutionnaires et socialistes claires et une ligne de conduite que les générations futures apprécieront quand elles auront le temps d'étudier l'expérience algérienne des années glorieuses, loin des passions politiciennes et des clameurs régionalistes. Le FLN, parti unique, avait une politique claire, cohérente et identifiée idéologiquement. Aujourd’hui, tout ce que l’on sait, c’est que les trois partis «uniques», «désidéologisés», appuient sans réserve le «programme présidentiel». Ce dernier apparaît comme un immense chantier de mise à niveau du pays pour le rendre accessible aux grands investissements capitalistes étrangers.
Une véritable oligarchie, enrichie par les chantiers publics et les facilités octroyées par le pouvoir, est en train de grouiller dans les arcanes du pouvoir. Nous, qui avons milité si longtemps pour un pouvoir issu des classes laborieuses, un pouvoir qui travaille pour alléger les souffrances de ceux qui bâtissent le pays et ceux qui sont exclus et marginalisés, sommes bien tristes quand c'est un commis de l'Etat, un patron de parti, M. Ahmed Ouyahia, qui dit «vive l'oligarchie !» Sait-il de quoi il parle ? Qu'il consulte le dictionnaire ! Je lui propose deux définitions estampillées Larousse qui se rejoignent en fait :
- Système politique dans lequel le pouvoir appartient à un petit nombre d'individus constituant soit l'élite intellectuelle (aristocratie), soit la minorité possédante (ploutocratie)...
- Accaparement d'un pouvoir ou d'une autorité par une minorité.
Ainsi, les choses sont plus limpides et nous remercions M. Ouyahia d'avoir éclairé notre lanterne. La grande révolution de Novembre débouche donc le plus naturellement du monde sur l'accaparement du pouvoir par une minorité ! Et on dit, sans aucune pudeur, «vive l'oligarchie !» Les bâtisseurs de la grande Algérie des années 1970, ces retraités aux cheveux blancs qui ont réalisé des miracles à Hassi Messaoud, à Arzew, au Sahara et partout à travers ce vaste territoire qu'ils ont arrosé de leur sueur après que d'autres l'eurent inondé de leur sang, ces hommes à la compétence avérée et à l'intégrité morale reconnue, auront donc perdu leur jeunesse pour donner le pouvoir à une minorité d'affairistes et, en plus, on leur doit des vivats !
Quand j'entends M. Rebrab dire qu'il peut créer un million d'emplois, je pense que nos responsables ne font pas leur boulot : ou il faut l'interner ou alors se dire qu'il n'est pas fou et lui donner la possibilité de réaliser son rêve, ici dans son pays. Deuxième exportateur après Sonatrach, il a des atouts à faire valoir et une parole qu'il faut respecter ! Que l'un des responsables politiques de ce pays lance : «Vive Rebrab !», je comprendrai qu'il y a une volonté de sortir du trabendisme et du larbinisme pour entrer dans l'ère des grands chantiers qui feront l'Algérie de demain... Oui, c'est un capitaliste. Vous voyez, nous ne sommes plus dans l'âge de pierre du collectivisme. 
Et tout nous semble clair car nous n'avons rien à f... de Neuilly, ni d'une carte de séjour «là-bas», ni d'une quelconque promotion, rien de rien. Notre bonheur s'appelle : vie libre ici, justice et prospérité partagée. Et c'est pour cela que nous ne cessons d'appeler à la vigilance, l'unité et la mobilisation. Notre amour sans limites pour ce pays éclaire nos horizons qui ne sont embués par aucune prétention politique, matérielle ou financière et cela nous donne la clairvoyance des authentiques, la détermination des patriotes et la lumière des justes.
M. F.

Ce texte fut publié la première fois le 16 juillet 2015.

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