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Rubrique Etude

Les partis dirigeants algériens face à la révolution (7e partie)

©FG/ PPAGENCY
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Au fur et à mesure qu’il prend de l’ampleur et s’installe dans la durée avec une mobilisation et une effervescence politiques et culturelles jamais enregistrées depuis l’indépendance, le mouvement populaire du 22 février réunit tous les éléments constitutifs d’une révolution, dans l’acception, communément admise, qui la définit comme une rupture totale avec l’ordre établi. 
Les revendications qu’il met en avant et qu’il précise à chacune de ses démonstrations de masse sont claires. Politiques et non idéologiques, elles ont, déjà, dessiné, à grands traits, la vision que le peuple a de l’Algérie future, à travers les mots d’ordre, d’une pertinence et d’un talent remarquables, brandis par une jeunesse d’élite bardée d’une culture, d’une poésie et d’un sens de la dérision qui ont révélé la richesse et le potentiel d’une personnalité, hier encore, insoupçonnés.
Au cœur de cette bataille de la rédemption du peuple se trouve l’expression de la ferme volonté de bouleverser toutes les constructions politiques et institutionnelles sur lesquelles l’ordre ancien a assis son hégémonie sur la société depuis 1962.
La demande ne souffre aucune ambiguïté : tout en demeurant attaché à l’ Etat national, conquête inaliénable et imprescriptible de la Nation libérée du colonialisme, le mouvement déclare vouloir abolir tous les dispositifs, modes, instruments et procédures d’organisation, de fonctionnement, de transmission et de contrôle du pouvoir d’Etat actuel appelé à être remplacé par un autre dont la source sera le peuple souverain, à l’exclusion de toute autre entité.
Cela signifie qu’à l’avenir plus aucun texte, plus aucun acte de gouvernement, plus aucune conduite intérieure ou extérieure de l’action publique de l’Etat algérien ne portera d’autre signature que celle du peuple qui décidera, en toute liberté, du sens et des valeurs à donner au nouvel Etat aussi bien qu’aux codes et aux lois dont il compte se doter.
Après avoir fait connaître, de la façon la plus manifeste qui soit, sa demande générale de principe, à l’unanimité de ses composantes transgénérationnelles, transpartisanes et transclasses, il passe à une seconde étape, plus complexe et plus délicate que la première, confronté au défi de se structurer et de rédiger un programme politique, autrement plus élaboré et plus détaillé que des slogans d’une portée limitée et éphémère.
C’est là une des conditions de son enracinement dans la société profonde. Il possède plusieurs atouts pour l’assurer : il dispose d’une grande autonomie acquise, depuis longtemps, en marge de l’Algérie officielle, qui le met en position de continuer à détenir l’initiative, à maintenir la pression sur le gouvernement et à se préserver de toute récupération ou soudoiement.
Maîtriser le temps de la réflexion après avoir contrôlé celui de l’action est, maintenant, tributaire de son pouvoir d’investir le chantier colossal de la conceptualisation et de l’écriture de ce que sera le système de l’Algérie nouvelle issue du soulèvement qu’il a déclenché.
Sous peine d’être récupérée et domestiquée, sa victoire résidera, également, dans sa capacité à faire échec aux complots fomentés par les forces contre-révolutionnaires : la bourgeoisie compradore, le cabinet parallèle et le club fermé de l’opposition professionnelle qui n’a pas renoncé à un dialogue par la bande, loin de l’espace public populaire, toujours tenté de partager, sur le dos de la société, les dépouilles promises par le régime finissant.
Ne pas rater ce rendez-vous avec le destin, rester vigilant et veiller à ne pas se le faire confisquer par les réseaux des anciens services de renseignements, par le capitalisme de la mamelle quelles que soient les protections politico-sécuritaires derrière lesquelles il s’abrite, par les partis extrémistes, par les exploiteurs des rancunes du passé et par les démiurges démoniaques, experts en divisions, renvoyer sur les bancs des classes de l’Histoire tous ceux qui avaient douté du génie du peuple et croyaient en avoir euthanasié la grande espérance, continuer à rattacher le combat du mouvement à celui de Novembre, voilà des raisons suffisantes pour y croire et avancer vers l’acquisition d’un Etat de droit, le dénominateur commun des revendications unanimes du peuple.
Les chantiers de rupture ouverts par le mouvement sont, on le voit, nombreux et vont l’occuper, pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. Parmi eux, il y en a un qui est nodal parce qu’il pose la question de l’avenir des partis dirigeants qui ont servi d’instruments au pouvoir.
Connaîtront-ils le sort du Rassemblement constitutionnel démocratique de  Zine El-Abidine Ben Ali dissous par la Révolution tunisienne de 2011 ou bien seront-ils sauvés par le gong d’un thermidor qui sacrifiera l’espoir de tout un peuple sur l’autel des intérêts de classe internes et étrangers ? 
Si le mouvement populaire l’emporte, le 28 avril prochain, il serait plus que surprenant que ces partis survivent, dans les formes actuelles, à la contestation générale dont ils sont l’objet.
Le FLN, en premier, sera, en principe, poussé à restituer son sigle au peuple car il serait inimaginable qu’il reçoive un autre sauf-conduit l’autorisant, sous ce parrainage, à activer, de nouveau, dans un système démocratique. Le PPA (Parti du peuple algérien fondé, en 1947, par Messali Hadj) – un sigle tout aussi historique — a vu sa demande d’agrément rejetée au début des années 90.
Le RND sera, également, conduit, logiquement, à s’effacer parce qu’il symbolise le détournement du vote des Algériens et les programmes de répression sociale qui ont paupérisé les classes laborieuses livrées aux oligopoles du capitalisme maffieux. Pour ces motifs que le Mouvement du 22 février estime être, absolument, fondés, ces deux partis échapperont, difficilement, au sas des nouvelles lois de la République et seront obligés de disparaître ou de changer de dénomination.
De toute manière, il appartiendra à la Constitution et à la loi sur les partis de mettre de l’ordre dans une classe politique qui part dans tous les sens.
Le processus, qui devrait débuter le 28 avril prochain, date de l’expiration du 4e mandat du président Bouteflika, dépendra de l’issue de la confrontation, en cours, entre la Révolution et le régime. Des milliers de propositions et même des projets entiers de Constitution circulent sur la Toile et les médias — un  signe de vitalité du Mouvement — qui préfigurent la trame du programme à venir. A mon sens, trois scénarios sont envisageables :
1- La Révolution ira jusqu’au bout de sa dynamique et provoquera la chute du régime en gagnant à sa cause le soutien clair et net de l’ANP. La période de transition qui s’ouvrira, alors, pourrait être administrée par une autorité populaire habilitée par un congrès national représentatif des communes, des wilayas, des universités, des associations de femmes, des intellectuels et des syndicats, le recours à la stricte application de la Constitution devenant difficile car présentant le danger de voir le noyau du système perdurer.
2- Si la Constitution est appliquée, stricto sensu, on s’acheminerait vers des élections présidentielles qui reconduiront, automatiquement, les institutions, actuellement, décriées par le peuple. L’option, pour l’une ou l’autre voie, sera, par conséquent, fonction du rapport de forces entre les partisans du changement et les défenseurs du statu quo.
3- Si le rapport de forces ne penche ni d’un côté ni de l’autre, il existerait une solution à mi-chemin entre la Révolution et la Constitution qui combinera, d’autorité, les exigences de l’une et de l’autre. La solution serait mi-constitutionnelle, mi-politique. On ignore de quelle éprouvette sortira cette potion magique ; une éventualité qui risquerait de ne pas satisfaire le Mouvement qui verrait mal se faire voler sa victoire par les arbitres de l’ombre, alias «l’Etat profond». Il n’aura, à ce moment-là, d’autre alternative que de poursuivre son action jusqu’à son terme.
Les prochains jours nous diront, certainement, vers quel scénario l’Algérie s’orientera. Le plus probable ­—tous «les milieux légalistes» y convergent — sera le recours à l’application de l’article 102 de la Constitution. 

Le RND : de l’éradication à la réconciliation nationale et du «patriotisme économique» au néolibéralisme
1- Rappel
Dans les six chapitres publiés, dans ces colonnes, de septembre 2018 à février 2019, l’étude sur les partis dirigeants algériens a reconstitué l’histoire contrastée et controversée du FLN et du RND en s’attardant sur les crises qui les frappèrent ainsi que sur les enjeux qui divisèrent leurs leaders, les déficiences et les échecs des stratégies et des politiques qu’ils ont endossés ou signés, séparément ou ensemble, par délégation du pouvoir d’Etat.
Les lecteurs en auront retenu que la place et le rôle que chacun d’eux tint et joua dans le système pouvoir militaire réel et pouvoir civil virtuel, furent surdimensionnés, en fonction des besoins exprimés par les centres de commandement et, à l’inverse, rabotés et ramenés à une position subalterne, dans des intervalles incidents, quand ils se retrouvèrent désavoués pour déviation ou défaillance dans le contrôle de la société.
Recalés, ils pouvaient espérer, grâce aux mêmes tuteurs, se replacer dans les circuits de la gouvernance avec la prétention, sans cesse renouvelée, de regagner leur statut de partis gouvernant par procuration.
Alors que de 1997 à 2000, ils se différenciaient, en apparence, par leurs bases et leurs programmes, ils mutèrent, au bout de quelques années, et, dans une égale mesure, en un cartel politico-financier support et exécuteur de politiques anti-sociales et anti-nationales ouvertement agressives.
Sous les 4 mandats du président Bouteflika, ils imposèrent une «représentation nationale exclusive» aux institutions législatives et exécutives, et plus rien ne les sépara à part le zèle d’être le premier de cordée à exceller dans l’art de valider et de servir les décisions prises, particulièrement, ces dernières années, par le cabinet parallèle qui joua de leur supposée «concurrence» jusqu’à les inciter à désactiver les défenses immunitaires de l’Etat en attentant à ses organes, ainsi que l’illustra le scandaleux épisode du cadenassage des portes de l’Assemblée populaire nationale.
Jamais dans l’Histoire de l’Algérie indépendante des formations politiques dirigeantes n’ont personnifié et couvert, avec autant d’audace et de perversité, la lente et insidieuse érosion du caractère national, populaire et social de l’Etat. 
Ce ne fut pas par hasard que Abdelhak Benhamouda dénonça, avant son assassinat, l’infiltration du gouvernement par des «harkis». Le RND prit une part prépondérante dans cette régression incarnée par tous les gouvernements quil présida.
A sa première nomination par le président Liamine Zeroual, son chef, Ahmed Ouyahia, se fixa un cap d’une rare inflexibilité dans sa tentative de «dénouer» la crise politique et économique qui avait mis le pays à genoux, en 1986, avec l’effondrement des prix du baril de pétrole et, en 1992, du fait de la folie destructrice du terrorisme.
L’orientation qu’il avait retenue différait de celle des gouvernements de Belaïd Abdesselam et Redha Malek qui s’étaient, directement, attaqué aux causes de la banqueroute du pays, l’un par un programme «d’économie de guerre» avorté par les lobbies profrançais, l’autre par la négociation avec les créanciers de l’Algérie, saboté par la violence intégriste et les holdings financiers internationaux.
Le président Liamine Zeroual était, pourtant, venu à la tête de l’Etat avec deux promesses fermes : vaincre le terrorisme et faire redémarrer l’économie dévastée. Il s’attela à réduire, militairement, l’islamisme armé, en s’appuyant sur l’ANP et la résistance populaire et à ramener la paix, en en définissant, sans concessions, les principes et les modalités dans la loi sur la Rahma qui exclut tout compromis avec «les mercenaires, les traîtres et les criminels aux mains tachées de sang». Il comptait, parallèlement, redresser, rapidement, l’économie considérée comme la condition sine qua non du tarissement des sources du terrorisme et de la reconstruction de la cohésion sociale.
Le RND, dont on sait à quelles visées sa création avait obéi, s’appropria ces deux objectifs soumis à la lecture manichéiste des cercles éradicateurs.
Il en assortit l’application, entre 1995 et 1999, de justifications politico-sécuritaires qui s’efforcèrent d’en faire accepter la fatalité puis, brusquement, en prit le contrepied après l’adoption de la loi sur la réconciliation nationale du président Bouteflika à laquelle il apporta son appui et ses suffrages, revirement que le parti transforma en constante qui le fit surfer, à partir de là et, selon les circonstances, d’une vague à l’autre, à propos de plusieurs autres questions.

2- De l’éradication à la réconciliation nationale
Dès sa naissance, le RND bâtit sa personnalité sur l’intransigeance nationale vis-à-vis du terrorisme à l’éradication duquel il invita, à son tour, l’ensemble de ses troupes, moudjahidine, enfants de chouhada, GLD, Patriotes, DEC et familles des victimes du terrorisme.
Le contexte – massacres de Bentalha, Raïs et Had Echakala – était favorable à la soutenance de cette ligne par laquelle il s’employa à apparaître aux yeux de l’opinion comme le défenseur du «novembrisme» contre le FLN «compromis» avec le FIS.
«La famille révolutionnaire» apporta à cette auto-proclamation une caution de poids qui encouragea le parti à briguer le titre de «porte-parole» du courant nationaliste, mis au goût du jour, en plus de celui de poste avancé de l’Etat républicain, des titres contestés par le FLN, inquiet de voir son fonds de commerce usurpé par son «rival».
La composition du premier gouvernement d’Ahmed Ouyahia refléta, fidèlement, cette ligne.
Toutes les figures traînant des carrières compromettantes dans l’encadrement du FIS — Sassi Lamouri, Abdelkader Guechi… — présents dans les gouvernements de Sid-Ahmed Ghozali et Mokdad Sifi, en furent écartées. Ahmed Merani, un des fondateurs, «retourné», du parti dissous et, plus tard, converti aux affaires comme Rabah Kébir, échappa à la purge, une survivance tolérée au ministère des Affaires religieuses pour des raisons tactiques obscures.
Les déclarations du président Bouteflika sur les responsabilités partagées du FIS et de l’ANP dans «la tragédie nationale» refréna les ardeurs éradicatrices du parti et le fit reculer aux législatives de 2002 où il n’obtint que 47 sièges contre les 156 de 1997, un score qui l’obligea à abandonner une ligne qui ne cadrait plus avec l’air du temps.
Evincé de la chefferie du gouvernement à la démission du président Zeroual, en 1999, Ahmed Ouyahia resta six longues années, en réserve, jusqu’à cette élection présidentielle de 2004 qu’il évita, prudemment, attendant de se saisir d’une éventuelle chance de revenir, prêt à servir.
Le RND changea, aussitôt, de braquet et monta dans le train de la réconciliation adoptée au référendum de 2005.
 Ahmed Ouyahia, entré dans les grâces d’un président «trahi» par Ali Benflis, son ancien bras droit, reprit du service au gouvernement, en cette année-là, à la tête de la coalition de «l’Alliance présidentielle» aux côtés du MSP et du FLN récupérés par le Palais.
Firent alors leur entrée au gouvernement les principaux dirigeants du MSP – Bouguerra Soltani, El-Hachemi Djaâboub, Amar Ghoul, Mustapha Benbada, Smaïl Mimoun – aux côtés de Abbas, Ghoulamallah, Rahmani, Maghlaoui, Benbouzid, Guidoum, Djaâfar du RND, de Belkhadem, Barkat, Tou, Harroubia, Haïchour, Ziari, Khaldi, Louh, Hmimid, Khoudri, Ould Abbès, Messahel, Benaïssa, Boukerzaza du FLN et des extra-partis Guenaïzia, Zerhouni, Bedjaoui, Ould Kablia, Temmar, Khelil, Belaïz, Medelci, Sellal, Toumi et Djoudi. Econduit et rappelé, plusieurs fois, à la direction du cabinet de la Présidence de la République et au désormais Premier ministère, coordinateur du gouvernement après une énième révision constitutionnelle, Ahmed Ouyahia colla au programme présidentiel au point d’accepter, en 2016, de recevoir Madani Mezrag, le chef de l’ex-AIS, et de le consulter sur cette révision. Le fébrile responsable éradicateur n’était plus qu’un lointain souvenir.

3- Du «patriotisme économique» au néolibéralisme
On doit, en vérité, la notion de «patriotisme économique» à Abdelhak Benhamouda qui en fit l’arme de la résistance anti-intégriste par laquelle l’UGTA avait appelé les travailleurs à barrer la route au SIT (Syndicat islamique des travailleurs) et à sauver leur outil de travail de la déferlante terroriste qui causa à l’économie nationale des pertes astronomiques évaluées à plus de 200 milliards de dollars.
Le RND ne l’utilisa que comme un pis-aller commode au passage en force de ses thèses néolibérales et, de façon tout aussi opportuniste, le gouvernement de Abdelmalek Sellal lui donna, au profit du Patronat, une seconde vie avec la complicité de Ali Haddad et de Abdelmadjid Sidi Saïd, chefs d’orchestre de la tripartite, la désormais base élargie du système Bouteflika.
Dans la réalité, le terrain propice à l’adoption de cette option fut préparé par Ahmed Ouyahia, deux années avant la création du RND, comme indiqué plus haut.  Il actualisa tous les remèdes de cheval des gouvernements Abdelhamid Brahimi et Mouloud Hamrouche en leur ajoutant une couche de sadisme anti-social qui fit sa réputation de conscience noire du régime.
Tout y passa : démantèlement du secteur public par la mise en faillite et la      privatisation de plus de 500 entreprises nationales et locales viables, mise au chômage de 500 000 travailleurs, pénalisation de l’acte de gestion, emprisonnement des cadres, usage de l’arme fatale de la fiscalité illégale sur les salaires, guerre contre le Cnes de Mohamed Salah Mentouri, démis de son poste pour avoir délivré des diagnostics non complaisants. 
Sous le mandat du président Bouteflika, entamé  par les catastrophes naturelles de Bab El-Oued et de Boumerdès, la répression des aârouch  et l’arrivée aux commandes de l’économie, après un stage à la Banque mondiale, de Abdelatif Benachenhou, Abdelhamid Temmar et Chakib Khelil, figures de proue du néolibéralisme, cette politique fut reconduite dans des proportions plus graves édulcorées par les promesses de réformes de l’ Etat confiées à Issad, Benzaghou et Sbih. 
Le gouvernement reçut l’ordre d’ouvrir les banques et le Trésor public aux grands groupes de Haddad, Kouninef, Cevital, Condor, Starlight, Biopharm, Tahkout…
Le reste, tous les Algériens le savent : Sider soldé pour une poignée de dollars au groupe indien Arcelor Mittal, la téléphonie mobile, gracieusement offerte à Orascom, exonérée d’impôts et autorisée à exporter ses dividendes sans limites, l’autoroute Est-Ouest ouverte à la grande corruption, les entreprises de Dick Chesney invitées à prendre part à la curée, à partir de BRC, un de ses écrans, et Renault supplié de s’installer dans le pays avec un marché local garanti, prépayé par l’administration algérienne et interdit de concurrencer, à l’exportation, sa succursale du Maroc. Ce train de «réformes» antinationales et antisociales atteindra son pic avec les scandales de Sonatrach I et II et faillit ruiner le pays lorsque le président Bouteflika promulgua la loi de Chakib Khelil cédant, sur un plateau d’argent, tous les gisements de pétrole et de gaz algériens aux majors américains, et pour couronner le tout, le financement non conventionnel désastreux de l’économie. Total de la note : 1 000 milliards de dollars détournés vers les multinationales et leurs sous-traitants locaux. Les gouvernements d’Ahmed Ouyahia et donc du RND ont été les principaux metteurs en musique de cette partition surréaliste qui priva le peuple du bénéfice de ses ressources. L’entreprise de dépeçage de l’économie nationale aurait été pire — mais y a-t-il pire que le pire ? — si le triumvirat gouvernement, syndicat et patronat avait réussi à faire passer le pacte public-privé qui aurait balisé à Ahmed Ouyahia la voie de la présidence de la République, en brûlant la politesse à la fratrie des Bouteflika qui tenait à conserver la haute main sur la gestion de la rente. Et les élites ? Où étaient-elles pendant tout ce temps-là ?
Le président Abdelaziz Bouteflika qui consomma, en vingt ans, huit chefs de gouvernement et Premiers ministres, 600 ministres et dix fois plus de walis, de secrétaires généraux, de diplomates, de responsables des corps de sécurité, lamina, à la suite de l’hécatombe terroriste, des centaines de cadres de grande valeur poussés à l’exil ou morts dans l’oubli, leur préférant les sous-produits de l’encanaillement du capitalisme d’Etat et de l’argent sale, le nouveau compagnonnage sous l’égide duquel devait se réaliser «le grandiose projet de l’Algérie de la Fierté et de la Dignité», un bateau ivre qui finit par se fracasser sur les vagues impétueuses du Mouvement populaire du 22 février...
B. E. M.

Prochainement : «Les partis dirigeants algériens» - Le FLN de 1999 à 2019 : l’échec d’une réhabilitation au forceps. (8e partie).

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