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Rubrique Contre poings

Ali Fergani, le maquisard du foot

Rachid Dali nous a quittés, il y a quelques semaines. Une grosse perte. Une belle figure, un acteur de notre petite histoire personnelle. Comment le pleurer ? Combien d'amis pleurer, chaque jour ?
Nous avons évoqué sa mémoire avec Ali Fergani, l'ancien meilleur milieu de terrain d'Afrique, peut-être du monde qui a bien voulu m'accorder de longues heures de son temps. Converser avec Ali que j'ai longtemps admiré a été un bonheur ! 
On s'est rappelé les bonnes années du NAHD et celles, merveilleuses, de la JSK. On a parlé du foot et de la vie. Et quelle vie, Fergani a eue! Le pays chti qui l'a vu naître, Leveilley, Hussein-Dey, Tizi Ouzou, la planète...
Fergani promène depuis toujours son œil sur notre chère et pauvre terre.
Ali m'a conté ma petite banlieue, ma rue qui est aussi celle du regretté entraîneur Hebbache «Bambino», il met en scène l'histoire de Amar Boudissa, son éducateur et entraîneur, aujourd'hui essuyé par le temps, ce ruban oublieux... En remontant le fil de celui-ci, Fergani déroule ses sept décennies de vie et celles, plus nombreuses et plus tourmentées, de son père, ancien mineur de fond du côté de Valenciennes, où Ali a passé toute son enfance, après avoir quitté sa Loire atlantique natale. Longtemps, la famille a vécu dans des baraques de charbonniers, longtemps, elle a subi les affres de la guerre puisque le père militant actif de la Fédération de France était constamment épié, harcelé, arrêté, emprisonné avant d'être, finalement, expulsé vers l'Algérie avec femme et enfants (trois frères et deux sœurs). Ça s'est passé en 1965, à Saint-Nazaire, un lundi matin, se souvient Ali qui avait alors treize ans et qui faisait connaissance, pour la première fois, avec une descente de police. Avec une vraie rafle!
La fin de carrière du père signe le début de celle du fils qui, après un court bizutage à l'ES Leveilley, intègre la grande équipe du NAHD qui venait de remporter son premier championnat d'Algérie, en 1967.
Précoce, Ali commence à faire de timides apparitions en équipe première dès ses premières années, en junior.
Il joue alors aux côtés de Youcef, Djebbar, Abdelkader, Kheddis, Akkak, Bouyahi qu'il revoit toujours.
Très jeune, il a côtoyé toutes les légendes du football algérien de l'époque, au moment où il était encore lycéen à Abane-Ramdane  après être passé sous les fourches caudines de monsieur Kesri, le droit directeur du collège Jules-Ferry de Hussein-Dey. Bien sûr, il a joué avec et contre les Lalmas, Khalem, Selmi, Salhi, Seridi, Fréha...
Les plus de cinquante ans se souviennent de ces perles. Beaucoup ont aujourd'hui disparu. Fergani les porte toujours dans son cœur comme il porte dans le même cœur ce qu'il nomme avec un humour étonnant, sa mère le NAHD et son père, la JSK!
Si avec l'équipe de Hussein-Dey, tout en brillant, il n'a pas connu les sommets, avec l'équipe kabyle, il a accompli des miracles, engrangeant moult titres nationaux et continentaux tant en joueur qu'en entraîneur.
Encouragé par Boudissa, son mentor et soutenu par le NAHD, Fergani a pu mener de front ses études d'architecte et son métier de footballeur.
Il a joué son premier match international contre la turquie, en 1972, à l'âge de 20 ans.
Cinq années plus tard, Abdelkader Khalef le contacte et le convainc de rejoindre la Kabylie. Il venait de terminer ses études et son service militaire accompli chez la marine à La Pérouse!
Une nouvelle vie, de nouveaux objectifs et surtout, enfin, une immersion au cœur de son identité amazighe qu'il chérit tant !
Il dit de la JSK «ça a toujours été une histoire d'hommes qui communiaient avec leur public».
Fergani a dessiné les plans de la maison  de Matoub. Son assassinat l'a ravagé, «Matoub, dit-il, c'est la personnalisation du combat».
Ali est, aujourd'hui, plein de chagrin pour le foot algérien squatté par les corrompus, pollué par l'argent sale.
il est plein de chagrin pour  le sort réservé à la JSK. Il est plein de chagrin, lui qui a été hirakiste, marcheur de bout en bout, pour son pays qui ne semble pas vouloir sortir de l'ornière.
Ali Fergani, le discret, l'humble, est  toujours là, bien vivant. Après avoir bu jusqu'à la lie sa peine à la mort de Baya, son épouse, il renaît de ses cendres ! Tant mieux pour notre football ! Tant mieux pour l'Algérie!
M. O.

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