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Rubrique Constances

Bouteflika, la mort et les vivants

On ne sait pas vraiment s’il y a des morts « utiles » mais on sait déjà les quelques enseignements que nous devons au décès d’Abdelaziz Bouteflika. La première leçon, en l’occurrence, tient de la morale ordinaire : face à la mort, les Algériens savent faire preuve de retenue. On s’en rend compte surtout quand elle (la mort) vient frapper un personnage illustre, la disparition des femmes et des hommes ordinaires survenant de façon… ordinaire. Il y a comme une tradition «tacite» qui, dans une large mesure, consacre une attitude que rien n’impose par ailleurs à la communauté nationale : on n’accable pas les morts. Très peu de ceux qui n’hésitent pas à le rappeler avec quelque fermeté à l’occasion n’ont pas grand-chose pour convaincre mais ça marche toujours, allez savoir pourquoi. La «tradition» et ce qu’elle implique dans les faits est d’autant plus intégrée qu’elle n’a aucun caractère sacré, ce qui n’est pas un moindre paradoxe dans notre société, profondément marquée par le dogme religieux. Il faut donc respecter la mort sans être obligé de faire de cadeau au mort. Voilà qui introduit donc le second enseignement qui relève, dans le cas précis au moins, du «politique». On ne va quand même pas occulter, ni même édulcorer le parcours d’Abdelaziz Bouteflika et son bilan parce qu’il vient de mourir. Évidemment, il ne doit pas y avoir beaucoup de monde à y penser. Mais il y en a moins à vouloir le dire dans la foulée de sa disparition, y compris parmi ceux qui se sont opposés à lui de la manière la plus déterminée, y compris parmi ceux qui ont souffert de son règne et des abus de ses proches. Le bilan calamiteux d’Abdelaziz Bouteflika, son parcours controversé et ses errements pléthoriques n’ont pour ainsi dire pas aiguisé les couteaux qu’on pouvait attendre sous d’autres latitudes et dans d’autres circonstances. Pour toutes les raisons que l’on sait et puis celle-là, qu’on découvre : l’opinion d’une manière générale peut faire preuve de retenue et de sobriété mais elle ne fait pas de cadeau : même pas en accablant Bouteflika dans sa mort. Elle attend toujours une autre Algérie, une autre gouvernance et une autre morale chez ses nouveaux responsables. Si la mort peut servir, c’est aux vivants, puisque les morts sont… morts.
S. L.

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