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Rubrique Ce monde qui bouge

Macron, Mohammed VI et tensions régionales

Mohammed VI a parlé, Macron aussi. Et si le Président français a fait une sorte de mea-culpa en reconnaissant avoir « le plus grand respect pour la nation algérienne, pour son histoire et pour la souveraineté de l’Algérie », regrettant « les polémiques et les malentendus engendrés par les propos rapportés », le monarque marocain n’a pas dit un mot sur la mort des trois camionneurs algériens visés par un drone tiré par son armée.(1) Le Président français tente la carte de l’apaisement, tandis que le monarque marocain joue des muscles. 
On aurait pu penser que Mohammed VI mettrait cette affaire sur le compte d’une bavure ou qu’il ferait savoir que les deux camions bombardés se trouvaient dans une « zone de guerre » ! Le Makhzen aurait pu aussi demander aux transporteurs algériens d’éviter cette zone et les inciter à prendre une autre voie de transit vers la Mauritanie ! Ça n’a pas été la cas. 
Alors pourquoi le Makhzen s’est-il risqué à un tel acte ? S’agissait-il d’une réponse à la décision algérienne de fermer les robinets du gaz transitant par le territoire marocain ? Sans doute. Mais toujours est-il que l’emploi de drones visant des civils ouvre un nouveau chapitre dans ce climat de guerre froide entre les deux pays. Et l’emploi de ces armes de haute intensité technologique, qui ont fait leur efficacité en Libye et surtout au Haut-Karabach en Arménie, se veut une arme de dissuasion massive au service d’une politique de fait accompli : l’annexion du Sahara Occidental par le Maroc. 
Par ailleurs, si Rabat n’était pas assuré du soutien des pays du Golfe et donc d’un rapport des forces politiques favorables au sein de la Ligue arabe, sans compter l’appui américain que Mohammed VI n’a pas manqué de louer, il ne se livrerait pas à une telle provocation. 
Pour l’heure, il faut se féliciter que l’Algérie ne soit pas tombée dans le piège du Makhzen et ne se soit pas laissée entraîner dans un conflit militaire préjudiciable pour les deux peuples. Elle a fait le choix de réactiver sa diplomatie et de lui fixer un cap, avec pour objectif de renouer en quelque sorte avec une politique étrangère plus offensive et qui avait fait ses preuves dans les années 70 . Et ce, avant que Chadli Bendjedid et son ministre des Affaires étrangères Taleb Ibrahimi ne décident d’opérer un virage à 180 degrés, basé sur un rapprochement avec les pays arabes du Golfe au détriment de l’Afrique et des pays progressistes d’Asie et d’Amérique latine, rompant avec la politique de non-alignement actif et progressiste de Houari Boumediène. 
Sous Bouteflika, il y a bien eu une velléité de corriger le tir, de se recentrer sur le continent africain, mais faute d’une vraie stratégie diplomatique arc-boutée sur un projet national porteur de progrès, de liberté et de démocratie, ces tentatives, en dépit de quelques succès, sont restées vaines pour les raisons sur lesquelles il est inutile de revenir. 
Rappelons seulement que sous Boumediène, la diplomatie était au service d’un projet de développement national – nationalisation des hydrocarbures, industrialisation, formation de dizaines de milliers de cadres dans tous les métiers en Algérie et à l’étranger – auquel le régime de Chadli a mis fin. Et depuis, excepté le bref passage de Mohamed Boudiaf à la tête de l’État, le pays est resté sans vrai projet pouvant offrir des perspectives à des jeunes qui n’avaient d’autre horizon – c’est le cas encore aujourd’hui – que la harga. 
Certes, aujourd’hui, le contexte est différent. Alger doit faire face à de vraies menaces. Sa politique étrangère ne doit pas être pensée sur le mode défensif et sécuritaire comme l’y incitent certaines voix connues pour avoir soutenu le 5e mandat et qui voient du complot là où il s’agit de divergences d’opinion. Cette diplomatie visant aussi à valoriser l’image de l’Algérie doit être pensée comme corollaire d’une politique d’ouverture et d’apaisement à l’endroit de ces Algériens qui ont tourné le dos aux urnes le 1er novembre 2020 et le 12 juin 2021 et qui, de l’avis de nombreux médias et observateurs, sont plus préoccupés par leur vécu quotidien que par le discours jugé décalé des candidats et partis politiques en lice pour les élections locales. 
H. Z.
 (1) Cet acte de guerre a été confirmé, vidéo à l’appui, par le journaliste sahraoui Rachid Zeineddin, vidéo que l’on peut voir sur le site Menadéfense d’Akram Kharief. 

 

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