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Rubrique Anniversaire

Club de l’amitié Le porte-voix de frustrations profondes

On soulignait dans nos précédentes éditions que Le Soir d’Algérie s’était fixé comme challenge d’être le porte-voix des opprimés, des victimes des injustices sociales, des chômeurs en quête d’emploi, des sans-logis, des cadres marginalisés, des intellectuels désabusés ; bref, tous ceux dont le silence était «assourdissant».
Une page courrier était alors à leur disposition, quotidiennement pour dire tout haut ce qu’ils ont toujours pensé tout bas. Très vite, cet espace était inondé de courrier hétéroclite. De la petite annonce de ventes diverses, à la demande d’emploi, en passant par le problème de logement, le licenciement, le problème d’héritage, les affaires de justice, l’expropriation de biens immobiliers, les fuites d’eau, de gaz, de routes défoncées… Et il y avait aussi un courrier d’un autre genre, de plus en plus important dans les sacs qui parvenaient au siège du journal. On y découvrait l’expression de frustrations profondes, longtemps contenues sous le poids pesant des traditions. Des complaintes de mal-être vécues douloureusement, des déclarations d’amour, des déceptions amoureuses, fantasmes sexuels, demandes en mariage et tutti quanti…

Une décision audacieuse
C’est alors que l’initiative a été prise par la direction du journal de créer un espace spécialement dédié et dont le titre n’a pas tardé à émerger, en l’occurrence «Le Club de l’amitié». Une décision audacieuse qui nécessitera, néanmoins, la mobilisation d’une équipe pour la gestion de cet espace qui deviendra, au fil des années, une rubrique à part entière. Cela exigera, aussi et surtout, une vigilance à toute épreuve pour parer à tous les dépassements.
La page qui était entièrement réservée à ce courrier du cœur s’est vite révélée exiguë pour contenir toutes les sollicitations.
Progressivement, on assiste à une expansion à deux pages en positionnement central dans la pagination du journal.
Une faveur à la hauteur des ambitions de cette nouvelle rubrique. Mieux encore, celle-ci évoluera vers la création de sous-rubriques qui se spécialiseraient chacune dans un volet particulier, courrier, échanges, conseils psychologiques, appels de détresse, messages personnels, contacts, témoignages… «Le Club de l’amitié» s’est même autorisé la casse d’un tabou, celui des annonces matrimoniales. Pour la première fois, en effet, un quotidien se lance dans la publication de ce type d’annonces.
Il y a eu plusieurs cas de relations construites à travers les colonnes du Club et qui se sont concrétisées par un passage par le bureau du maire pour l’officialisation de l’acte de mariage.
Si on n’a pas souvenance d’invitations adressées aux membres du journal pour assister à cet heureux événement, l’on se rappelle, tout au moins, de la réception à la rédaction de plateaux de gâteaux bien garnis.`

Un espace écrit par les lecteurs
A mesure de sa maturation et sa longévité et qui a duré plus d’une décennie, «Le Club de l’amitié» s’est constitué son réseau de fans et de fidèles qui interviennent régulièrement dans les échanges, en apportant des témoignages sur des sujets précis, en prodiguant des conseils, en proposant des solutions à certaines situations dramatiques… Des initiales, des pseudos et des sobriquets reviennent à intervalles réguliers, K. l’homme de la mer, D. L. l’éternel, Katia au sourire angélique, Fatiha de Lakhdaria, Mohamed l’increvable, le Bouton de rose, le doyen du club L. Kamel, l’Artiste disparu, le Révolté du Nord, Fouad le Cyprès de l’Antique Cirta, Tête brûlée de Kouba, le Mexicain et même la reine du Club, Karima de Aïn Benian.
Ceci étant, «Le Club de l’amitié» aura été le seul espace du journal écrit par les lecteurs et dédié exclusivement à leurs préoccupations. Il a été, des années durant, une fenêtre ouverte sur la société algérienne et sa profonde complexité. Une référence toute préparée pour les chercheurs en sociologie et en psychologie.
B. Bellil

Le coin «SOS»
Un haut lieu de la générosité et de la solidarité se renforce

Dans le foisonnement de ce courrier du cœur, on ne peut s’empêcher d’évoquer cette sous-rubrique qui avait débuté par un petit encart dans un coin d’une des pages du «Club de l’amitié» et qui a pris des proportions bien plus importantes, à savoir le coin «SOS».
Une sous-rubrique qui a survécu à la disparition du club et qui s’est érigée en haut lieu de la solidarité et de la générosité du peuple algérien. Un espace pour les appels de détresse de malades à la recherche de médicaments introuvables ou inaccessibles financièrement pour certains, de demandes d’aides financières, de demandes de dons en vêtements, en produits et d’équipements médicaux destinés à des handicapés, des malades chroniques, etc.
Une longue et solide chaîne de solidarité s’est organisée autour de ce coin. Le Soir était l’intermédiaire entre les généreux donateurs et les nécessiteux. Des situations exceptionnelles ont été vécues en cette période, comme le cas de ce cadre supérieur à la présidence de la République durant les années 90 qui intervenait d’une manière récurrente pour prendre en charge personnellement les besoins financiers de certains nécessiteux dans un total anonymat. On n’a jamais su ni le nom de ce généreux donateur, ni sa fonction, dont seul un intermédiaire se chargeait de la remise des aides.
B. B.

Des unes et des évènements
Année 1994

L’étoile de Hasni brillera sur Oran
Jamais la grande place de Gambetta n’a été aussi noire de monde qu’en ce vendredi 30 septembre 1994. Des dizaines de milliers d’Oranaises et d’Oranais sont venus dire un dernier adieu à Cheb Hasni. Les youyous, les mots d’ordre scandés à l’encontre des terroristes et du pouvoir, les sanglots, la colère, la détresse immense, tout était là pour rappeler un certain jour de mars… quand Oran disait adieu à Alloula.
«Hasni a été tué à midi tout près de son domicile. Il a reçu deux balles dans la tête.»
Hasni s’en est allé. Son étoile brillera longtemps dans le ciel d’Oran. L’immense foule qui a suivi le cortège funèbre ne laisse en cela aucun doute.

Album du Soir


Une photo souvenir d’une équipe qui a surmonté toutes les épreuves de la décennie noire et qui s’était entièrement investie pour maintenir le cap et assurer la pérennité du Soir d’Algérie, malgré les drames, les blessures et les larmes.Un moment de convivialité mis à profit par les fondateurs du journal pour entretenir la cohésion de l’équipe et développer l’esprit
d’une même famille embarquée dans une belle aventure.

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